La justice libanaise a ouvert une enquête pour détournement de plus de 300.000 dollars à l'ambassade du Liban en Ukraine, a annoncé lundi un responsable judiciaire à l'AFP. Cette affaire intervient alors que le pays, en plein effondrement économique, tente de réduire les coûts de ses missions diplomatiques et envisage d'en fermer plusieurs. Selon ce responsable, la justice a ouvert une enquête en septembre et interrogé à plusieurs reprises l'ambassadeur, Ali Daher, qui a été rappelé. "Les fonds des caisses de l'ambassade, alimentées par les frais des services consulaires", dont le renouvellement de passeports des Libanais résidents en Ukraine et autres, "ont été détournés", a indiqué le responsable, parlant sous couvert de l'anonymat. Selon l'enquête préliminaire, 318.000 dollars ont été détournés, a-t-il ajouté. L'assistant de l'ambassadeur aurait déposé de l'argent sur un compte personnel dans une banque ukrainienne, tout en informant le ministère des Affaires étrangères qu'il avait transféré l'argent sur le compte de l'institution. Le ministère "n'a pas vérifié ces transferts, ni informé l'ambassade que l'argent n'était pas arrivé sur son compte au Liban", a déclaré le responsable. L'assistant a également été convoqué à Beyrouth, mais a disparu après s'être présenté à un interrogatoire. Le parquet général près la Cour de cassation a émis un "avis de recherche à l'encontre de l'assistant et l'a interdit de voyage, avec son épouse ukrainienne", selon la même source. L'enquête porte également sur la valeur réelle du loyer du domicile de l'ambassadeur à Kiev. Selon une source diplomatique, qui a confirmé l'ouverture d'enquêtes judiciaires à l'ambassade, le travail y est suspendu depuis l'invasion russe de l'Ukraine en février 2022. Pour réduire les dépenses après l'effondrement économique du Liban en 2019, la diplomatie libanaise a proposé au gouvernement l'année dernière de suspendre les activités de 17 missions à travers le monde, mais cette proposition est restée sans réponse. "Actuellement, les dépenses et le nombre d'employés sont réduits" dans les chancelleries libanaises, a indiqué la source diplomatique. Depuis 2019, les institutions étatiques libanaises se sont effondrées, les salaires étant devenus dérisoires en raison de la perte d'environ 98% de la valeur de la monnaie nationale.