Une personne a été tuée et 15 autres ont été blessées hier dans une nouvelle agression israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth, selon un bilan provisoire du ministère de la Santé libanais.
«L’ennemi israélien a mené un raid» près d’un carrefour «dans la banlieue sud» de Beyrouth, a annoncé l’Agence nationale d’information libanaise (Ani). Aucun appel à évacuer de l’armée israélienne n’a précédé la frappe. Selon un photographe de l’AFP sur place, la frappe a visé un immeuble abandonné, au rez-de-chaussée duquel se trouve un concessionnaire de voitures et de motos. L’armée a établi un cordon de sécurité autour du secteur, selon lui.
La banlieue sud de Beyrouth est régulièrement visée par des raids israéliens depuis la fin septembre. Dans la nuit de jeudi à vendredi, de violents raids avaient touché plusieurs de ses quartiers. L’aviation sioniste a ainsi de nouveau ciblé des quartiers de Tyr au Liban (sud), rapporte l’ANI. «Notre correspondant a rapporté que l’aviation ennemie a mené une frappe sur le quartier El Ramel, à Tyr», indique l’agence. D’autres raids ont ciblé deux bâtiments dans le voisinage du complexe Imam Hussein dans la même ville, ajoute cette source.
Tôt vendredi, au moins trois Libanais sont tombés en martyrs et cinq autres ont été blessés dans une nouvelle frappe de l’aviation de l’armée sioniste contre le village de Qmatiyeh au Mont-Liban, à l’ouest du pays, selon des médias locaux.
L’entité sioniste mène depuis le 23 septembre des frappes meurtrières sur la capitale Beyrouth et sa banlieue sud, ainsi qu’une incursion au sol dans le sud du Liban, faisant fi des avertissements internationaux et des résolutions de l’Onu.
L’agression des forces sionistes a provoqué le déplacement forcé d’au moins 1,4 million de personnes, dont plus de 400 000 enfants, selon un bilan des autorités libanaises et de l’Unicef. Selon le ministère libanais de la Santé, 2865 personnes sont tombées en martyrs et 13 047 ont été blessées depuis le début de l’agression sioniste contre le Liban, le 8 octobre 2023.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) est «profondément inquiète» des attaques menées par l’armée sioniste contre les services de santé dans son agression contre le Liban, a déclaré une porte-parole vendredi. L’OMS est «vraiment, profondément inquiète de la multiplication des attaques (de l’armée de l’entité sioniste) contre les personnels de santé et les établissements de santé au Liban, et nous insistons encore et encore sur le fait que les soins de santé ne sont pas une cible», a déclaré Margaret Harris, porte-parole de l’Organisation lors d’un point de presse à Genève. Interrogée sur les similitudes avec les attaques qui ont été menées contre les services de santé depuis le début de l’agression de l’armée sioniste dans la bande de Ghaza, Mme Harris a indiqué : «Nous sommes certainement préoccupés par le fait de voir la même tendance se reproduire.» Au Liban, «les chiffres sont vraiment choquants» a-t-elle dit, évoquant 102 martyrs et 83 blessés dans des attaques sur les services de santé.
Appel des agences humanitaires
Alors que la banlieue sud de Beyrouth a été visée par une série de frappes aériennes sionistes, des agences des Nations unies ont exhorté la communauté internationale à agir de toute urgence pour financer les opérations humanitaires et soulager ainsi la population libanaise. A ce stade, l’appel humanitaire pour le Liban n’a obtenu que 17% des 426 millions de dollars réclamés, soit 73 millions. «Les besoins augmentent de minute en minute et les promesses de fonds ne suffisent pas à acheter de la nourriture, des médicaments ou des abris», a déclaré le porte-parole de l’OCHA, Jens Laerke, lors d’un point de presse à Genève. Dans le même temps, le plan régional pour les réfugiés syriens de 4,8 milliards de dollars n’a été financé qu’à hauteur de 16%.
Cet appel des agences humanitaires intervient dans un contexte de multiplication des déplacements forcés des Libanais suite aux nouveaux ordres d’évacuation sionistes dans plusieurs villages, ainsi que dans le camp de réfugiés palestiniens de Rashiedeh, situé dans le sud du pays. «Ces derniers jours, environ 50 000 personnes ont quitté Baalbek pour se rendre principalement dans des zones situées au nord de la vallée de la Bekaa, de nombreuses personnes ayant passé la nuit dans leur véhicule», a ajouté M. Laerke.
Il est à préciser que le secrétaire général adjoint des Nations unies chargé des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a déclaré vendredi que la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) reste dans le pays et poursuit ses fonctions malgré les défis. Lacroix, dont les propos ont été rapportés par ONU-Info, a affirmé que «les soldats de la paix de la Finul restent dans le pays, ils poursuivent leurs fonctions et sont déterminés à continuer malgré les défis».
Le responsable onusien a déclaré : «Nous avons pris une décision très réfléchie, selon laquelle il était nécessaire de rester.» Il a expliqué que «la Finul compte des soldats de plus de 40 pays, qui contribuent aux forces de maintien de la paix de tous les continents, et qu’ils sont tous très dévoués à leur autorité et à leur devoir». Lacroix a souligné que «les attaques contre les soldats de maintien de la paix sont inacceptables, elles constituent une violation du droit international». R. P.
Al Qaa Jousieh : Nouvelle frappe sur un poste-frontière
Une frappe israélienne a visé hier le poste-frontière d’Al Qaa Jousieh entre le Liban et la Syrie, deuxième bombardement du genre en près d’une semaine, un responsable onusien évoquant
des «structures humanitaires» touchées. Visé une première fois le 25 octobre, ce poste-frontière, devenu crucial pour le passage des réfugiés, a été une nouvelle fois touché côté syrien hier aux premières heures. «Une nouvelle frappe israélienne a frappé le poste-frontière de Jousieh, où de nombreux Libanais et Syriens passent du Liban vers la Syrie», a indiqué sur X le haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi. «Des structures humanitaires ont également été touchées. Fuir (et prendre soin de ceux qui fuient) est devenu difficile et dangereux alors que la guerre poursuit son extension», a-t-il déploré.
L’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), ONG basée au Royaume-Uni mais disposant d’un vaste réseau de sources en Syrie, a confirmé que deux frappes israéliennes ont touché le poste-frontière du côté syrien. La première frappe israélienne fin octobre avait fait chuter de 90% le trafic au point de passage. L’escalade du conflit depuis le 23 septembre a poussé plus de 500 000 personnes, majoritairement des Syriens, à fuir le Liban pour trouver refuge en Syrie, selon les autorités libanaises. L’aviation israélienne avait déjà mené un raid le 4 octobre dans l’est du Liban près du poste-frontière de Masnaa avec la Syrie, coupant la principale route entre les deux pays. Le Liban et la Syrie sont reliés par six postes-frontières. Mais il existe aussi des dizaines de passages illégaux et de routes informelles chevauchant la longue frontière poreuse. Depuis le 23 septembre dernier, l’agression israélienne au Liban a fait plus de 1900 morts, selon un décompte de l’AFP basé sur les données du ministère libanais de la Santé.
Baalbek : Le Liban appelle l’UNESCO à intervenir
Les autorités libanaises ont appelé, hier, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à protéger Baalbek, ville millénaire de l’est du Liban, contre
les menaces de l’entité sioniste de la bombarder. Le ministre libanais de la Culture, Mohammed Wissam Al Murtada, a annoncé sa demande officielle à la mission permanente du Liban auprès de l’Unesco à Paris pour «accélérer les actions de suivi» avec le directeur général de l’Unesco et les organismes internationaux concernés. «Toute trace de conscience dans le monde doit empêcher (l’entité sioniste) de mettre à exécution ses menaces de bombarder la citadelle de Baalbek», a déclaré M. Al Murtada, considérant que «ce patrimoine n’appartient pas seulement au Liban, mais à toute l’humanité».
Baalbek abrite un ensemble de temples romains millénaires inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1984. De violentes frappes menées par l’armée d’occupation sioniste ont visé, mercredi 30 octobre, la citadelle.