Le grand forcing

29/02/2024 mis à jour: 12:00
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Avant même son entame, le Ramadhan fait déjà parler de lui. Une première victime collatérale vient d’être rendue publique par le ministre de l’Agriculture en limogeant un des cadres de son secteur chargé de la gestion de la viande rouge. Il faut dire que cette denrée est toujours prisée par le citoyen qui n’hésite pas à s'endetter pour parfaire le goût de sa chorba. 

Des campagnes de sensibilisation ponctuées par des sorties sur le terrain des ministres s’emparent des marchés pour garantir la disponibilité de tous les produits de consommation et, surtout, dissuader les commerçants tentés, comme à l’accoutumée, de spéculer sur les prix pour engranger des bénéfices forts douteux en ces moments de grande piété. 

Des réductions allant de 10 à 15% sur les prix sont d’ores et déjà annoncées officiellement. L’entraide, la tolérance et le respect entre personnes laissent souvent place à des calculs foncièrement individualistes. 

En inaugurant la Grande Mosquée d'Alger, le président de la République n’a pas manqué d’appeler les citoyens à surpasser ces visions tant égoïstes et matérialistes. Il espère répandre, grâce au rayonnement de ce complexe religieux, un «centrisme musulman» basé sur la tolérance débarrassée de tout esprit rétrograde ou foncièrement intégriste. Plus encore, à grande échelle universelle, cette «wassatiya» prônée par le président Tebboune doit permettre un dialogue inter-religieux si nécessaire au vivre-ensemble. 

La conjoncture internationale marquée, de plus en plus, par des conflits armés tend à raviver les différences civilisationnelles. Ces nouvelles donnes sont, bien sûr, loin de rapprocher les peuples aux origines confessionnelles très diverses.

Pour l’heure, il est surtout question d’instaurer un esprit saint et un comportement exemplaire dans notre société, qui doit persister au-delà du seul mois de Ramadhan. 

Cet «intermède»demeure indéniablement une période cruciale pour rappeler particulièrement aux commerçants d’activer dans le respect de la réglementation en matière des prix et de l'hygiène. L’autre souci qui accompagne ce rendez-vous religieux réside dans l’ambiance nocturne que le citoyen a fini par adopter. 

Les veillées festives font partie intégrante du mois sacré. Souvent de fausses notes s’élèvent pour perturber ces moments qui parviennent à réunir des familles sur le pavé des places publiques. Des énergumènes malintentionnés s’arrogent le droit d’interdire des soirées programmées par des organismes publics dûment habilités. 

Cette horde «d’illuminés» sera-t-elle sous le couperet de la récente loi votée par le Parlement et qui prévoit amende et prison à toute personne coupable de violence sur la place publique, ou se limitera-t-on aux seules injures verbales jugées trop impudiques ?

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