Le gigantisme inconsidéré a un prix : Les JO de Paris seront-ils un gouffre financier ?

25/07/2024 mis à jour: 04:20
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L’on a souvent tendance à se poser la question de savoir si le pays organisateur des Jeux olympiques est à même d’amortir les énormes dépenses financières engendrées par l’événement et quels sont les objectifs d’une d’un tel accueil. Il est vrai que face au gigantisme atteint par les Jeux olympiques, seuls les Etats nantis ont aujourd’hui le loisir de prendre en charge, pour des raisons et des motivations diverses, l’accueil d’un tel événement planétaire.

 Il y a un siècle, en 1924, la France mettait sur pied, sous la férule de Pierre de Coubertin, un des créateurs des Jeux modernes, des JO peu suivis qui ne sont pas restés dans les mémoires, des Jeux accueillis dans un stade de petite envergure et sous le regard de quelques milliers de spectateurs. Il est vrai qu’en 1900, date de la première organisation française après Athènes (1896), ce rassemblement d’une vingtaine de nations ressemblait plutôt à un rendez-vous de loisirs champêtres qu’à une véritable compétition et où les performances n’étaient même pas archivées. 

Le financement des Jeux olympiques de Paris 2024 était estimé au départ à 8,8 milliards d’euros. Même si l’action française ne concernait ni la construction d’infrastructures et d’équipements de base (la France en est suffisamment pourvue), il n’en demeure pas moins que la facture était lourde pour un pays déjà assez endetté à l’époque (2017) et encore plus aujourd’hui. Les Jeux olympiques 2024 ont vocation à être un levier de transformation politique, économique et sociale pour la France à long terme. 

La France aura donc misé au départ sur la qualité de l’organisation, un impact positif pour faire de cet héritage des JO un catalyseur de transformation et laisser un héritage durable et bénéfique pour le pays. Or le gigantisme atteint par l’événement dépasse amplement, comme ce fut le cas des JO de Londres 2012, les objectifs qui lui ont été au départ assignés. Les gouvernants se prennent tellement au jeu des flonflons et de l’orgueil national qu’ils en oublient l’essentiel : la rationalité des dépenses. Comme partout ailleurs les tenants des pouvoirs locaux sont pris dans cette nasse grisante et précipite après la fin de ces joutes leur nation dans un tourbillon inflationniste et d’endettement que les réformes successives ne viendront qu’aggraver politiquement, économiquement et socialement. Oui mais, diriez vous, il y a les sponsors… Finalement 4,4 milliards d’euros ont été alloués par le gouvernement français au Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJOP) qui doit s’appuyer sur des fonds publics et privés ainsi que sur le sponsoring  pour tenter de se renflouer au terme des Jeux. 

Or les 84 sponsors partenaires (dont 14 mondiaux en contrat avec le CIO) et 70 domestiques (avec 7 sponsors de premier rang) ne génèrent qu’une partie du budget alloué au COJOP. En 2017, au moment de l’attribution des JO par le CIO, un objectif de 1,08 milliard d’euros de recettes publicitaires avait été retenu. Ce sont finalement 1,2 milliard d’euros qui ont été engrangés par le COJO soit le quart du budget initial de 4,4 milliards d’euros. 

Cela dépasse certes de peu les prévisions, mais où aller chercher les trois-quarts restants pour équilibrer les dépenses. La billetterie et la fréquentation des installations de compétition durant les deux semaines que dureront les Jeux, la vente des produits associés aux JO, et l’apport des touristes étrangers ne seront que d’un faible apport. Quand cet argent ne va pas sur les comptes des agents des biens et services (hébergement, restauration, transport) sans lien retour avec l’amortissement des dépenses assurées par le budget du COJOP. 

Petite anecdote, les autorités ont doublé, il y a une semaine et jusqu’à la fin des Jeux olympiques et paralympiques le prix des billets des transports publics en Ile de France. Quel impact sur le déficit ? 

La mesure a créé un grand mécontentement au sein de la population parisienne. On dit que c’est avec les petits ruisseaux qu’ont fait les grandes rivières, mais dans le cas des J0 2024, il en faut énormément pour pouvoir atténuer les déséquilibres financiers nés d’un rêve de grandeur qui sera vite rattrapé par les réalités comptables…      

Paris, envoyé special
Omar Kharoum

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