Indignation, révolte, incompréhension… Youcef Aouchiche, candidat du Front des forces socialistes (FFS), n’a pas lésiné sur les qualificatifs pour exprimer sa «colère» contre les résultats de l’élection présidentielle annoncés, dimanche en fin d’après-midi, par Mohamed Charfi, président de l’Autorité nationale indépendante des élections (ANIE).
Lors d’une conférence de presse animée hier, au siège du parti, le premier secrétaire du FFS a qualifié les résultats dévoilés avant-hier de «mascarade». Il accuse ouvertement l’ANIE d’être responsable de cette situation et tient à informer l’opinion publique «des imprécisions», «des contradictions», «des ambiguïtés» et «des incohérences» qui ont été relevées dans les chiffres lors de l’annonce des résultats provisoires par Charfi.
Les chiffres avancés par l’ANIE ne concordent pas, précise le leader du FFS, avec les procès-verbaux présentés par les centres de vote aux représentants des candidats. Pour rappel, Youcef Aouchiche est arrivé dernier du scrutin avec 122 000 voix (2,16%).
«Il y a eu une falsification et un détournement inédit de la volonté populaire, et ce, par des pratiques que nous avons cru révolues, mais qui ont, malheureusement, refait surface à l’occasion de cette échéance. Nous tenons pour premier responsable l’ANIE», assène Aouchiche qui réclame l’ouverture d’une enquête approfondie pour faire la lumière sur cette affaire et situer les responsabilités.
«Nous nous réservons le droit de prendre toutes les dispositions légales pour préserver le choix et la volonté des électeurs et nous demandons avec insistance l’ouverture d’une enquête approfondie pour déterminer les responsabilités dans cette mascarade», revendique-t-il.
Cette «mascarade» a, selon lui, «compromis d’une façon profonde le processus électoral», «a terni l’image de l’Algérie» et a mis le pays dans «une situation inconfortable, voire dangereuse». Interrogé sur le communiqué commun signé dimanche soir par les trois candidats et dans lequel ils critiquent les résultats provisoires communiqués par l’ANIE, Aouchiche explique que ce document est le fruit «d’une volonté et motivation commune» pour dénoncer des chiffres qui ne reflètent pas la réalité.
Dépôt d’un recours devant la cour constitutionnelle
«Le principe d’une élection est de dévoiler l’ensemble des résultats, notamment le taux de participation, le nombre de bulletins blancs, de bulletins annulés… Cela y va de la crédibilité du processus électoral. Ce que Charfi n’a pas fait. Par ce geste, il a discrédité le scrutin», dénonce le premier responsable du FFS qui se demande pourquoi Charfi s’est accordé le droit d’annoncer les résultats avant d’avoir l’ensemble des procès-verbaux.
Certes, dit-il, le FFS ne se faisait pas trop d’illusions quant aux conditions de l’organisation d’une élection libre et transparente, «mais falsifier les résultats et détourner ainsi les suffrages exprimés, c’est tout simplement tourner le dos à la volonté populaire.
Il y a des boîtes noires et des cercles qui veulent porter atteinte à l’Algérie», avertit le conférencier. Et d’énumérer les différents dépassements enregistrés dans plusieurs bureaux de vote : bourrage des urnes et pressions exercées sur leur représentant. Le patron du FFS ne regrette pas sa participation à cette élection.
Malgré l’adversité, il affirme avoir œuvré durant la campagne électorale pour convaincre la «majorité silencieuse» et abstentionniste de s’exprimer et de se faire entendre. Malheureusement, dit-il, l’environnement général dans lequel se sont tenues ces élections n’a pas encouragé une forte participation.
Dans ce sens, M. Aouchiche accuse «des parties de l’opposition» comme «du pouvoir» d’avoir œuvré tout au long de ce processus électoral à décourager les Algériens de se rendre aux urnes, et ce, à travers «des discours nihilistes» et «populistes», sans parler «des bouffonneries de certains». Youcef Aouchiche déposera aujourd’hui un recours auprès de la Cour constitutionnelle.