Le cri de détresse des retraités

27/01/2022 mis à jour: 06:06
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Photo : B. Souhil

Les retraités attendent depuis le mois de mai 2021 les maigres revalorisations de leur pension auxquelles ils ont droit, comprises entre 2 et 7%, sans qu’aucun responsable ne pense à leur situation ou leur pouvoir d’achat.

Les retraités ont plus que jamais le sentiment d’être les éternels sacrifiés. C’est du moins la constatation de l’Organisation syndicale des retraités algériens (OSRA) qui relève dans son dernier communiqué «la situation socio-économique des retraités, la marginalisation observée par notre syndicat de la part des responsables et particulièrement de la part du ministère du Travail qui, non seulement n’a pas répondu à nos deux lettres notamment celle concernant le non-versement de la revalorisation des pensions de retraite au titre de l’année 2021 ainsi que celle concernant le refus de la délivrance du récépissé d’enregistrement d’OSRA».

A cela s’ajoute «la non-application du nouveau barème de l’IRG». S’appuyant sur l’OIT, elle rappelle «que le retraité est un travailleur même après sa mise à la retraite, car il est considéré comme travailleur passif».

L’organisation lance encore une fois «un appel au ministre du Travail afin de répondre aux revendications soulevées par les retraités dans les deux lettres qui lui ont étés adressées personnellement. Nous appelons les responsables de revoir leur politique vis-à-vis de cette catégorie sociale que sont les retraités et des écarts de salaire entre les pensionnés de cette caisse particulièrement et leurs collègues des autres caisses et travailleurs actifs».

Aujourd’hui, près de 2 millions de retraités n’ont pas bénéficié du barème de l’IRG et demain plus de 3 200 000 pensionnés ne profiteront pas des augmentations de salaires ni de la révision du point indiciaire. Selon la même source, «il est du devoir de l’Etat et du président de la République en particulier de trouver une solution à ces anciens travailleurs. OSRA, organisation syndicale nouvellement créée, dénonce la politique du deux poids, deux mesures dans l’application des lois régissant les trois caisses de retraite et particulièrement celle de l’indexation des pensions de retraite au salaire de poste actuel».

Dans une contribution adressée à El Watan, Bachir Hakem, pédagogue et enseignant de mathématiques à la retraite, précise que «la crise des retraités de la CNR s’est précisée en cette année avec la nouvelle loi de finances pour 2022. Il suffit de voir la table IRG 2022.

L’IRG est le seul impôt qu’ils ont payé toute leur vie de travailleurs actifs et sont soumis à celui-ci en tant que travailleurs passifs dans les mêmes conditions. En faisant un premier constat, nous pouvons lire que seul environ 1 million de retraités pourront bénéficier d’une augmentation de salaire.

Sur ce 1 million de retraites, les augmentations toucheront uniquement les pensions de plus de 30 000 DA». Selon son décryptage, ces augmentations «montrent que plus le revenu est élevé, plus les disparités augmentent, donc cela ne profitera pas aux retraités affiliés à la CNR où sur les 1 million de pensionnés, peu sont ceux qui touchent une pension de plus de 60 000 DA pendant que plus de 2 millions retraités bénéficieront de 0 DA d’augmentation, ce qui représente les 2/3 des retraités». Il écrit une phrase lourde de sens : «Les sujets actuels des Algériens cette année ne sont plus politiques, mais comment survivre dans la dignité».

Survivre dans la dignité

La somme allouée à ces augmentations profitera à une minorité. «Aujourd’hui, les oubliés et maltraités retraités attendent depuis le mois de mai 2021 les maigres revalorisations de leur pension auxquelles ils ont droit, comprise entre 2 et 7%, sans qu’aucun responsable ne pense à leur situation ou leur pouvoir d’achat», souligne-t-il.

La plupart des retraités arrivent à peine à joindre les deux bouts dans un contexte de crise économique persistante, de chute de pouvoir d’achat continuelle et de fortes incertitudes. Factures (électricité et gaz, eau, téléphone), soins (surtout avec la Covid-19 et les analyses (PCR, antigénique) et médicaments, alimentation, aussitôt leur pension empochée, elle fond comme neige au soleil.

Les disparités des montants des pensions et des salaires seront encore plus grandes, comme cela a été le cas lors de l’application de la grille des salaires en 2008. Le défi du gouvernement Aïmene Benabderrahmane est de redonner confiance dans un système qui ne doit plus être soupçonné de privilégier certains aux dépens des autres.

Il s’agit de mieux protéger les Algériens les plus fragiles qui sont de fait, trop souvent, les oubliés du système. Le niveau de vie des retraités algériens est faible par rapport à celui des actifs, pour les retraités de droit direct qui représentent presque 50% de l’effectif de la CNR, la retraite moyenne représente moins de 65% du salaire moyen des actifs.

Rappelons qu’en dépit de toutes les mesures prises, la CNR n’a pas été en mesure de corriger le déficit structurel dont elle pâtit, dû essentiellement à la hausse du nombre de bénéficiaires de la retraite, notamment les dernières années, contre une stabilité ou une contraction du nombre des cotisants. Il a été recensé dans ce cadre 2,2 de cotisants contre un seul retraité, alors que l’équilibre budgétaire requiert 5 cotisants pour un seul retraité.

L’équilibre de la CNR est difficile à atteindre pour plusieurs raisons : conjoncture socio-économique dégradée, propagation de la Covid-19 et aggravation du non-versement des cotisations à la sécurité sociale. 

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