Le cabinet Finabi estime que la valeur de Djezzy a été surcotée : «Le FNI ne doit pas payer plus de 600 millions de dollars à Veon»

18/05/2022 mis à jour: 00:56
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Le siège de Djezzy à Alger

Dans le cadre du processus de cession des parts de Veon dans Ominium Télecom Algérie OTA (Djezzy), au Fonds national d’investissement (FNI), une banque d’affaires vient de faire la troisième et dernière évaluation de la valeur de l’opérateur téléphonique en la chiffrant à 1,5 milliard de dollars. Une valeur qui se rapproche de l’évaluation qui avait été faite en juillet 2021 par Finabi Conseil, souligne son président, Chaabane Assad, qui avait, à l’époque, estimé l’opérateur à 1,6 md de dollars.

Cette nouvelle évaluation, faite par l’évaluateur indépendant choisi par les deux parties, confirme que l’estimation qui avait été faite en 2015 de Djezzy pour l’opération de rachat des parts a été exagérée. «Cette évaluation finale de Djezzy montre une baisse conséquente de la valeur totale de l’opérateur, qui était supérieure à 5 mds de dollars en 2015, lors de la cession des 51% des parts de Vimpelcom (pour un montant de 2,645 mds de dollars) devenu Veon en 2017», indique Chaabane Assad. Selon une note d’analyse effectuée par le cabinet conseil Finabi en 2021, qui parlait déjà de la surcotation de Djezzy, «l’Etat aurait dû payer uniquement 1,22 md de dollars», au lieu des 2,4 mds de dollars, pour sa prise de participation.

Et de recommander que dans l’état actuel avec la nouvelle évaluation de la valeur de Djezzy, le FNI ne doit pas payer plus de 600 millions de dollars à Veon pour le rachat de ses parts. L’opération de vente est estimée par Veon, dans son rapport sur le bilan du 1er trimestre 2022, à 642 millions de dollars. Veon a, pour rappel, annoncé en 2021 sa décision de céder ses 45,5% de participation dans OTA au FNI pour le compte de l’Etat algérien. En 2011, Vimpelcom avait obtenu l’accord de l’ancien actionnaire de Djezzy, Naguib Sawiris, pour lui racheter une participation majoritaire dans OTH.

Les autorités algériennes avaient réagi en optant pour le droit de préemption sur 97% des actions de Djezzy. Un long bras de fer entre l’Etat algérien et le groupe Sawiris a duré jusqu’à 2014. A cette date, les actifs d’Orascom Telecom Algérie (ancien propriétaire de Djezzy) ont été transférés à Ominium Telecom Algérie en conservant la marque Djezzy, avec une distribution de parts à hauteur de 51% pour l’Etat algérien et 45,5% pour Vimpelcom, via Global Telecom. En 2017, Veon a repris les parts de Vimpelcom, et aujourd’hui il compte s’en séparer pour le compte de l’Etat algérien. Le groupe, qui passe par des difficultés financières, a déclaré, dans un communiqué, que «cette dernière étape rationalisera davantage les opérations de Veon, en permettant une meilleure concentration sur nos principaux marchés».

Veon a préféré donc se séparer de ses actifs dans les marchés algérien et bangladeshi, afin de se concentrer sur des pays comme le Pakistan, l’Ukraine, le Kazakhstan et l’Ouzbékistan. Les faibles performances de l’opérateur Djezzy ont précipité la décision de Veon. Au premier trimestre 2021, l’opérateur algérien avait enregistré une baisse de 13,6% de ses revenus (160 millions de dollars).

Veon avait imputé cette baisse de performance à «la concurrence agressive des prix et au ralentissement économique global». «La raison pour laquelle nous avons estimé que Veon doit subir un badwill est la baisse de la performance d’OTA pendant la période 2015-2019. Cependant, la croissance d’activité que connaît l’entreprise depuis cinq trimestres (2021 et le premier trimestre 2022) a été considérée par la banque d’affaires comme un élément probant pour maintenir le prix à la valorisation effectuée», suggère le président de Finabi Conseil.

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