Retour sur Haouch Errih, près de Meftah, cet immense ensemble de centaines de tours du programme AADL regroupées à flanc de colline en un alignement quelconque, quelques immeubles frôlant dangereusement un ravin mitoyen.
Il a défrayé la chronique lorsque les premiers bénéficiaires ont refusé, il y a quelques mois, d’y habiter, en raison de l’absence totale de commodités les plus élémentaires. Ils l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux. Aussi récemment, quelques membres du gouvernement se sont déplacés sur ce nouveau site urbain, s’engageant de le doter en eau, gaz, électricité et réseau Internet.
Le transport n’a pas été évoqué alors que c’est une question cruciale. Toutefois, c’est un bon début et il faut espérer que cela se fasse très vite, au vu des attentes des bénéficiaires et que le programme retenu soit suivi par d’autres, vu la densité de la population de cet ensemble. Mais des leçons plus fondamentales doivent être tirées de ce cas illustratif du retard de la politique urbanistique nationale.
C’est une aberration de recourir à notre époque à ce type de construction de sites d’habitations (les barres et les tours) qui a fait florès dans les pays développés de l’après-guerre mondiale et a été banni, depuis, pour éviter l’entassement des dizaines de milliers de personnes dans des tours inhumaines, sans âme, terreau fertile de toutes sortes de maux sociaux.
Ce qui a été retenu, ce sont généralement pour le commun des citoyens des petits immeubles avec un minimum d’étages, en bonne distance les uns des autres, entourés d’espaces verts et à proximité de services de base.
En d’autres termes, de bons espaces de vie et non des dortoirs. Pourtant, ceux-ci existent chez nous, y compris dans les programmes AADL, mais sans que soit malheureusement abandonnée la formule inhumaine des ensembles de tours. Haouch Errih en est un exemple frappant, il va devenir une plaie béante dans le paysage urbain de la région de Meftah, un véritable casse-tête de gestion, tant pour l’AADL que pour les autorités locales lorsque des dizaines de milliers de personnes occuperont leurs logements avec tous leurs problèmes de vie.
On ne sait si du côté du gouvernement, on est conscient de cela, d’autant qu’il a manifesté son intention de construire de plus en plus de logements. Et aussi qu’il ne faut pas s’arrêter dans ses programmes au seul bâti des logements. Le citoyen logé a besoin aussi de vivre et de s’épanouir dans son lieu d’habitation.
A titre illustratif, au niveau de Haouch Errih, il manque cruellement le volet culture, loisirs et culte. Rien n’a été retenu à ce niveau-là, comme si le citoyen avait seulement besoin d’eau et d’électricité et non de salles de théâtre, de cinémas, de bibliothèques, de musées, d’espaces de loisirs pour enfants et adultes, de mosquées pour les fidèles, etc.
C'est aussi une priorité et pas «une chose» secondaire ou bien qui viendra après les infrastructures et les équipements. Cela va de pair. Et si les grandes cités algériennes sont devenues infréquentables, voire malsaines, c’est bien en raison de l’étroitesse de vision des concepteurs des politiques urbanistiques du pays.
Le prix payé est lourd.