La nouvelle collection de l’artiste peintre Chafa Ouzzani intitulée «Le Bâtisseur de rêves» est visible
jusqu’à la fin du mois en cours, au niveau de la galerie d’art privée «Aïda» à Alger.
A la fois architecte et artiste peintre, Chafa Ouzzani est un nom à ne plus présenter, tant son talent est indéniable et sa notoriété bien assise. Il s’est affirmé au fil des années pour devenir, aujourd’hui, une figure majeure du mouvement abstrait. Ses œuvres ont ce pouvoir de faire voyager l’esprit. Preuve en est avec sa nouvelle collection de peinture intitulée cette fois-ci «Le Bâtisseur de rêves».
Un titre qui lui a été proposé par la responsable de la galerie d’art Aïda, Souad Tiar. L’artiste Chafa Ouzzani explique qu’à travers ce titre, il voulait faire passer un message : donner du rêve aux autres.
Ainsi le visiteur est amené à découvrir 44 œuvres inédites - entre petits, moyens et grands formats - réalisées entre 2023 et 2024. Le regard ne peut être qu’admiratif devant cette peinture à l’acrylique, aux associations de couleurs inimitables avec cette grande maîtrise du traitement de la lumière et de l’espace.
Son regard d’architecte prend quelque peu le dessus. En effet, il poétise un espace donné et sublime sa fonction grâce au graphisme. Notre artiste peintre a choisi de donner des titres à l’ensemble de ses œuvres : une façon singulière de donner le ton et quelques mots clés pour susciter l’intérêt et la curiosité du public. On retrouve, entre autres, des titres annonciateurs de leurs contenus, à l’image de «Promesse de l’aube», «Espoir d’un jour nouveau», «Soleil rose», «Cosmogonie», «Dis-moi l’espoir», «Dislocation, «Horizon voilée», «Jour béni», «Synopsie», «Vers un jour nouveau», «Au cœur du village» ou encore «Zénitude au clair de lune».
Chafa Ouzzani n’est pas dans un style figuratif. Il est, plutôt, dans un style qui se rapproche de l’abstraction. Il s’agit d’un style personnalisé qui permet des interprétations multiples avec cette notion du voyage de l’esprit et du rêve. Sa peinture se décline sous la forme d’un voyage intemporel. «Ma peinture, explique-t-il, je peux l’assimiler un peu à une symphonie musicale. Sans pouvoir lui donner une signification bien précise car c’est une peinture qui est détachée de la réalité ambiante disons qui peut provoquer chez la personne qui la regarde des émotions profondes. Au-delà de cela, j’ai envie qu’il y ait un message de mémoire et d’identité et qu’on puisse reconnaître ma signature».
Mémoire collective
Dans cette peinture saisissante et profonde, on retrouve une redondance de maisons anciennes avec «Maisons dansantes», «Maisons paisibles», «Maisons volages» ou encore «Maisons dans la brune». Une certaine nostalgie émane de ces lieux d’habitations, gorgée d’histoires.« Les maisons sont toujours omniprésentes dans mes compositions en tant qu’édifice et fondation d’une mémoire collective parce qu’elles ont abrité nos aïeux. Cela reflète aussi mon vécu. La nostalgie qui est en moi. La maison pour moi, c’est quelque chose de très important.
C’est lier à la nostalgie des villages kabyles. J’ai longtemps gambadé dans ses villages quand j’étais jeune. C’est aussi un logis qui abrite toutes nos émotions et intimités de nos parents et grands-parents. Il y a les pans de murs des maisons qui ont des histoires à raconter, si elles avaient la possibilité de le faire !» dit-il. Il suffit de contempler ces œuvres pour constater que Chafa Ouzzani accorde une importance capitale à la mémoire collective. A ce propos, il aime tapisser ses tableaux de symboles, tels que la khamasa, le poisson, le croissant, l’astre lunaire ou encore le cercle. Il est beaucoup plus dans la spontanéité du mouvement. Il confie que quand il entame une œuvre, c’est toujours dans l’abstrait : «J’aime bien travailler la composition avec un geste fluide.
C’est comme si on se décharge d’un poids. Après au fur et à mesure, c’est là que me vient le besoin d’ajouter, d’enrichir la composition avec des éléments de graphisme et de dessin. C’est un métissage avec toutes ces choses-là. Au-delà de la composition, il y a ce souci de l’esthétique. Une œuvre porteuse d’un message d’esthétique et de beauté. Il faut que l’œuvre soit belle dans un premier temps pour quelle puise accaparer notre attention». La peinture a-t-elle pris le dessus sur l’architecture ? Notre interlocuteur avoue, en toute modestie, qu’il voit en l’architecture le métier qu’il exerce au quotidien. La peinture reste pour lui une passion qu’il a su bien cultiver depuis longtemps. Il ne ressent aucune dualité entre l’architecture et la peinture. «Avec la peinture, atteste-t-il, j’ai plus de liberté pour m’exprimer.
L’architecture, c’est un métier qui demande beaucoup de contraintes. Comme j’ai un cabinet d’architecture, on n’est pas le maître du projet à 100%. Ce n’est pas le cas de la peinture. C’est un art qu’on maitrise du début jusqu’à la fin. Je concilie les deux arts formidablement et sans problème».
A première vue, la palette de Chafa Ouzzani reste très variée. S’il n’y a pas une dominante de couleurs dans cette présente exposition de peinture, ceux qui ont suivi le cheminement artistique de l’homme peuvent se rendre compte que ces derniers temps, le jaune revient en force dans ses travaux.
Une couleur qui donne plus d’effet à l’œuvre. Pour notre artiste peintre, toutes les couleurs sont belles. «Si on venait à parler d’une préférence, il y a le bleu qui revient souvent dans le bleu du ciel et de la mer. Dans les paysages, il y a toujours le bleu du ciel autour du croissant et de l’astre. J’aime bien représenter aussi le soleil et la lune. C’est une protection et une bénédiction», souligne-t-il. Il est à noter que Chafa Ouzzani est un exposant permanent à la galerie d’art «Aïda». D’ailleurs, la majorité des événements qu’il organise se déroulent à Alger et à l’étranger. Il participe, également, à beaucoup de symposiums, de workshop et de résidence d’artistes.
«Pour moi, c’est très important. C’est l’une des choses qui me permet de m’enrichir en découvrant les travaux des autres pays, ayant des approches différentes. A partir du moment où l’on s’y imprègne, on s’enrichit automatiquement», a-t-il conclu.