Le ministère de la Santé palestinien a cessé depuis 48 heures de donner des bilans actualisés sur le nombre des victimes de l’agression israélienne sur la Bande de Ghaza. Il a affirmé hier ne plus pouvoir établir de contacts avec tous les établissements de santé et que des dizaines de corps jonchent désormais les rues et les alentours des hôpitaux sans qu’aucune ambulance ne puisse s’en approcher en raison de la violence des attaques de l’armée israélienne.
La ministre de la Santé, Mai Al Kaila, a affirmé que les forces d’occupation commettent des atrocités dans les hôpitaux de la Bande de Ghaza, en particulier dans le complexe médical d’Al Shifa. Elle a annoncé la mort de 12 patients, dont deux nouveau-nés, à l’intérieur du complexe médical, en raison d’une panne d’électricité, ajoutant que les équipes médicales étaient dans l’incapacité d’enterrer une centaine de corps en état de décomposition dans la cour de l’hôpital.
Sur Telegram, des images intenables de nourrissons emmaillotés et disposés côte-à-côte dans la cour de cet hôpital ont été postées hier par des médecins après que les couveuses se sont arrêtées de fonctionner, en plein bombardement israélien.
Cité par l’AFP, le vice-ministre de la Santé palestinien, Youssef Abou Rich, a affirmé hier qu’une frappe aérienne israélienne avait «entièrement détruit» le bâtiment du service des maladies cardiaques de l’hôpital Al Shifa, le plus grand de la Bande de Ghaza. L’hôpital accueille «650 patients, une quarantaine d’enfants en couveuse, tous menacés de mort, et 15 000 déplacés», selon Abou Rich.
«Morgues»
Des «combats violents» autour de l’hôpital Al Shifa ont également eu lieu, durant toute la nuit de samedi à hier, entre des résistants palestiniens et des soldats de l’occupant, ont indiqué à l’AFP par téléphone des témoins réfugiés dans cet établissement. Depuis samedi, l’électricité y est coupée et des dizaines de bébés en couveuse ainsi que des patients en soins intensifs sont en danger de mort.
C’est le cas de plusieurs hôpitaux de Ghaza où des centaines de patients sont pris au piège et font face à une situation catastrophique. Médecins sans frontières (MSF) a dit redouter que ces établissements ne se transforment en «morgues» en l’absence de cessez-le-feu.
Le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, s’est alarmé hier, tôt le matin, d’avoir «perdu le contact» avec ses interlocuteurs au sein de l’hôpital Al Shifa qui fait l’objet d’«attaques répétées».
«L’OMS est gravement préoccupée par la sécurité du personnel de santé, des centaines de patients malades et blessés, y compris des bébés sous assistance respiratoire, et des personnes déplacées qui restent à l’intérieur de l’hôpital», a-t-il dit sur X (anciennement Twitter). Samedi soir, le directeur de l’hôpital Al Shifa, Mohammed Abou Salmiya, a indiqué que celui-ci était «totalement encerclé» par les forces israéliennes et que des bombardements «se poursuivent dans ses environs». «L’équipe médicale ne peut travailler et les corps, par dizaines, ne peuvent être transportés ou enterrés», a-t-il ajouté.
L’agence palestinienne Wafa a, en outre, rapporté que les véhicules de l'armée d’occupation se trouvaient désormais à proximité des portes principales du complexe Al Shifa, dont les étages étaient directement visés, au milieu d’une forte couverture de tirs et d’un mouvement continu de drones.
Al Qods hors service
Des tirs ajustés empêchant la sortie des personnes se trouvant à l’intérieur, y compris les déplacés, les blessés, les malades, les équipes médicales et les ambulanciers, qui sont sans électricité, ni nourriture, ni eau, ni carburant. La même source a souligné que depuis samedi soir, vers 21h, aucune ambulance n’était arrivée sur le site du complexe, en raison de l’intensité des frappes.
L’hôpital Al Nasr a, selon Wafa, été soumis à des bombardements et à un siège continus pendant des jours et son personnel médical évacué de force. «Des personnes déplacées, des malades et des blessés y sont restés seuls», a fait savoir l’agence palestinienne. Aussi, l’artillerie de l’occupation a distinctement visé l’hôpital Al Qods, provoquant une panique parmi les quelque 500 patients et les 14 000 personnes déplacées qui y ont trouvé refuge.
Le Croissant-Rouge palestinien a annoncé hier que l’hôpital Al Qods était hors service en raison d’un manque de carburant et d’une panne de courant, selon l’agence Anadolu. Des patients «sont dans les rues sans soin» après les «évacuations forcées» de deux hôpitaux pédiatriques, a accusé hier le directeur des hôpitaux de la Bande de Ghaza. «Les évacuations forcées des hôpitaux pédiatriques Al Nasr et Al Rantissi ont laissé des malades dans les rues sans soin», a déclaré à l’AFP Mohammed Zaqout.
Au sujet d’Al Shifa, M. Zaqout a souligné que «personne ne peut y entrer ou en sortir». «Les ambulances ne peuvent pas accéder à l’hôpital, surtout celles qui ont les équipements nécessaires pour transporter les bébés», a indiqué Melanie Ward, qui dirige l’ONG Medicalaid for Palestinians (MAP), active dans le service néonatal d’Al Shifa. Depuis le début de l’agression israélienne, le 7 octobre, 198 employés du secteur de la santé palestinien et 36 éléments de la Protection civile ont été tués.