Le thermomètre affiche des températures de fièvre carabinée depuis des jours et les BMS canicule sont tellement répétitifs que leur caractère «spécial» est superflu en la circonstance.
Les climatologues l’ont dit et répété : la planète s’engage dans un cycle de tensions climatiques dont les conséquences vont chambouler les conforts et habitudes humains dans le court terme. Il est facile d’observer aujourd’hui que la surchauffe climatique a dépassé le stade de la menace en perspective, qui effraie les seuls scientifiques et les passionnés d’écologie. Partout dans le monde, des records de chaleur sont battus régulièrement.
La journée du mardi 4 juillet a été ainsi déclarée comme la journée la plus chaude jamais enregistrée dans le globe, battant un record enregistré juste la veille, le 3 juillet. Du jour au lendemain. Cette tendance devra se poursuivre, selon les prévisions. Il fait chaud sur la planète et la mauvaise nouvelle est qu’il fera de plus en plus chaud.
En Algérie, on boucle une semaine de grande chaleur avec des effets assez spectaculaires dans l’arrière-pays notamment. Dans les wilayas situées directement au sud de la bande côtière, les températures atteignent facilement les 46 degrés à l’ombre depuis des jours. L’effet bénéfique des pluies de juin sur le couvert végétal, pendant quelque temps revitalisé, a été vite estompé par la récente surchauffe.
La région est certes connue pour son climat contraignant en été, mais l’épisode climatique en cours donne un aperçu sur les nouvelles donnes auxquelles il faut vite trouver le moyen de s’adapter. Les villes du sud du pays sont, quant à elles, couramment citées parmi celles où le thermomètre explose dans le monde. L’Etat a engagé une véritable course contre la montre pour parer à la pression inévitable sur la ressource en eau. Le réseau de stations de dessalement d'eau déjà existant vient d’être renforcé par de nouvelles usines devant entrer en production à la fin de l’année prochaine.
L’objectif déclaré est d’augmenter l’apport stratégique de l’eau dessalée à la couverture de la demande nationale en AEP à 42% dans les deux années à venir. L’autre chantier est l’épuration des eaux usées aux fins de contribuer à la couverture des besoins de l’irrigation en agriculture. Le gouvernement projette ainsi de fournir 1,2 milliard de mètres cubes d’eau usée traitée à l’horizon 2030, sur les 7 milliards de mètres cubes absorbés annuellement par l’irrigation agricole dans le pays.
Mais le réchauffement climatique est aussi une épreuve pour la qualité de vie et la santé publique. Une traversée des villes et agglomérations lors d’un épisode caniculaire offre ce spectacle d’ensembles urbains nus, livrés au soleil incendiaire. Les constructions, beaucoup trop uniformisées et très peu préparées aux exceptions climatiques, deviennent des espaces d’inconfort qui nécessitent une grande dépense en moyens de climatisation, et donc d’énergie, pour rester vivables. Les espaces verts et les niches urbaines boisées, qui peuvent contribuer à tempérer les ardeurs de la saison, se font rares en dehors des grandes villes côtières.
C’est pourtant l’un des moyens que trouvent les élus et les gouvernements dans le monde pour organiser la «résilience» contre les canicules chroniques de demain. La «végétalisation urbaine» est en effet préconisée pour créer des îlots de fraîcheur, grâce à l’ombrage mais aussi par la capacité qu’ont les végétaux à absorber les rayons solaires. L’idée fait son grand chemin en Europe, et est déjà mise en œuvre comme levier de travail stratégique dans le nouveau contexte climatique mondial.
Des arbres plantés le long des trottoirs, ce n’est donc plus juste une question d’esthétique et d’aménagement urbain, mais désormais une nécessité qui ne doit pas être négligée dans l’effort de s’adapter aux difficultés climatiques, actuelles et annoncées.