Les agriculteurs sont intéressés par la qualité des eaux d’irrigation avec comme avantages la baisse des dépenses pour l’achat des engrais et la hausse de la production agricole.
L’introduction depuis quelques années de l’élevage de poissons dans les exploitations agricoles séduit de plus en plus d’agriculteurs à la lumière des gains générés du fait de la baisse de l’utilisation d’engrais et son caractère vivrier assurant un apport protéinique, qui se mue peu à peu, vers un élevage semiintensif générateur de revenus.
C’est dans ce cadre qu’une journée d’information sur le sujet a été organisée conjointement par la direction de la pêche, de l’aquaculture et des productions halieutiques (DPAPH), celle de l’agriculture et la Chambre de wilaya de la pêche, au centre culturel Ahmed Hamani de Jijel, en présence d’exploitants agricoles et de fournisseurs venus exposer leurs produits.
Cette notion d’aquaculture intégrée à l’agriculture entre dans le cadre d’une stratégie nationale initiée à la fin des années 2000, qui a débuté localement en 2016 avec des cycles de formation, notamment au profit des femmes sur la préparation du poisson d’eau douce autour des barrages suivie par celle des formateurs, avant d’arriver en dernier lieu à la technique d’élevage.
À ces formations ayant touché 300 agriculteurs, il y a eu des cycles au profit de 65 détenus, entre 2019 et 2020. En 2017, les services de la pêche avaient enregistré 74 agriculteurs intéressés par l’ensemencement des bassins d’irrigation.
Parmi ces derniers, 22 s’étaient lancés, mais seulement 8 avaient réussi le pari dans les communes de Sidi Marouf, El Aouana, Ouled Rabah, Emir Abdelkader et Taher avec une exploitation chacune.
DES PROBLÈMES QUI BLOQUENT LES EXPLOITATIONS
La première exploitation ayant intégré ce programme est celle de Yazid Achour à El Achouat, près de l’embouchure de l’oued Djendjen (Emir Abdelkader) avec des résultats très probants.
Puis, il y a eu l’exploitation des bassins d’irrigation construits dans le cadre du Projet de Proximité de Développement Rural Intégré (PPDRI). Cela a permis une meilleure maîtrise de la technique chez beaucoup d’exploitants. «Dans le programme national 2020-2024, la priorité a été donnée au Tilapia, un poisson dont la chaire est plus appréciée par le consommateur et dont la préparation est facile», nous dira Nadia Ramdane-Fetoussi, directrice de la pêche.
L’autre intérêt relevé chez les agriculteurs est la qualité des eaux d’irrigation chargées d’engrais biologiques qui a plusieurs avantages. Une sensible baisse des dépenses pour l’achat des engrais et une hausse de la production agricole.
La directrice de la pêche estime «qu’il y a une de grandes potentialités dans la wilaya connue pour sa forte pluviométrie, la présence de barrages, de retenues collinaires et traversée par plusieurs oueds.» Avec le passage à l’élevage semiintensif, les responsables de la pêche tablent sur une production de Tilapia par exploitation atteignant les 20 tonnes par cycle qui dure environ 7 mois.
Nadia Ramdane-Fetoussi estime «que dans deux ans, on pourrait facilement atteindre les 10% de l’ensemble de la production halieutique dans la wilaya» et d’ajouter «qu’il est attendu un doublement de la production au-delà de 2024.»
Lors de cette journée, des agriculteurs ont soulevé le problème de l’électrification dans certaines zones citées comme un facteur pénalisant, alors que de jeunes exploitants louant des terres butent sur le refus des propriétaires d’autoriser des constructions de bassins.
Des propositions ont été données pour effectuer des fouilles qui seront tapissées par une géomembrane et qui peuvent être facilement remblayées par la suite si l’activité s’arrêterait.