Qui aurait pensé que les Etats-Unis pourraient accepter un jour une femme à la Maison-Blanche. Et surtout une femme issue des minorités. La vice-présidente des Etats-Unis, Kamala Harris, pourrait bien succéder à Joe Biden. La convention du parti démocrate réunie à Chicago a investi cette ancienne procureure de la Californie pour occuper le prestigieux poste de président des Etats-Unis !
Non seulement Kamala Harris est désormais dans la course, mais elle est donnée pour l’instant favorite contre son adversaire républicain Donald Trump. Pourtant ce dernier était en tête dans les sondages jusqu’à la décision de Biden de passer le témoin à cause de son état de santé et de son âge (81 ans). Non seulement Kamala Harris est désormais candidate des démocrates, mais cela s’est fait dans une ambiance de fête.
Du jamais vu dans une assemblée de ce genre. Le discours de la vice-présidente tant attendue à la réunion de clôture de la convention a tenu ses promesses. C’est une candidate détendue avec un large sourire qui ne la quitte pratiquement jamais, qui a prononcé une allocution programme devant 25 000 personnes acquises à leur favorite.
Contrairement à Donald Trump, connu pour distiller des mensonges, des insultes, des vulgarités et de l’invective, Mme Harris a surtout parlé de l’avenir des Etats-Unis. «Ma mère m’a appris à ne jamais me plaindre de l’injustice», a-t-elle déclaré pour expliquer le sens de son combat. Pour un non-Américain, c’est surtout la politique étrangère qui a retenu l’attention. Le Moyen-Orient a été la principale source de préoccupation de la diplomatie américaine.
D'entrée de jeu, la vice-Présidente a tenu à dire qu’il n’est pas question de renoncer au «soutien indéfectible des Etats-Unis». La salle applaudit poliment, comme si c’était une formalité à accomplir. Mais l’ambiance change rapidement du tout au tout, lorsqu’elle évoque le problème palestinien.
D’emblée, elle souligne qu’il «n’est pas question de renoncer au droit de l’autodétermination des Palestiniens». «Ce qui s’est passé ces dix derniers mois à Ghaza est catastrophique» a-t-elle déclaré. «C’est le moment d’obtenir un accord de cessez-le-feu», reprenant une proposition faite il y a de cela environ six semaines, confirmant ainsi son attachement à la paix, à la justice pour ce peuple spolié de sa terre et son rejet de la politique génocidaire de Netanyahu et de son complice Yoav Gallant.
L’évocation du drame palestinien a provoqué des applaudissements ininterrompus des 25 000 délégués. Pour la première fois, il a été constaté que le capital sympathie dont a bénéficié Israël jusqu’à ce jour s’est complètement érodé. Les Américains ne succombent plus aux sirènes israéliennes et connaissent désormais qui est le bourreau et qui est sa victime. Mme Harris a mis le doigt là où il fallait.
Elle n’a pas été insensible aux multiples manifestations de soutien au peuple palestinien qui ont eu pour théâtre les campus américains après le 7 octobre. En cas de victoire de Mme Harris le 5 novembre prochain, il ne sera plus question de complaisance avec les crimes israéliens.
Après cette convention, le ministre israélien des Affaires étrangères a déclaré hier qu’Israël n’acceptera jamais la création d’un Etat palestinien, pensant sans doute que les dirigeants israéliens vont continuer à faire la loi. Et au Conseil de sécurité de l’ONU, Donald Trump a compris que quelque chose a changé. Avant l’annonce de la candidature de Mme Harris, il écumait dans les journaux plus souvent que de coutume, traitant Biden de tous les noms d’oiseaux. Le changement de candidat a été pour lui comme une douche froide.
Il est comme tétanisé parlant très peu, sinon pour tenir des propos racistes contre son nouvel adversaire. Apparemment, les jeux sont faits. Il sait désormais qu’il trouvera une femme de talent sur son chemin. Et ses fanfaronnades ridicules ne changeront rien à la donne.