L’exploitation de l’hydrogène vert est l’un des leviers cruciaux qui pourra permettre à l’Algérie d’entamer enfin une diversification de son économie, jusque-là essentiellement basée sur l’exportation des combustibles fossiles.
L’Algérie est dotée d’abondantes ressources d’énergies renouvelables qui pourraient faire d’elle un grand exportateur d’hydrogène vert à destination des économies industrialisées du nord de la Méditerranée.
A l’instar de toute l’Europe occidentale, l’Allemagne, en proie à une sévère crise énergétique, est vivement intéressée par l’hydrogène vert qui sera produit en Algérie. Le ministère algérien de l’Energie et des Mines et la Société allemande pour la coopération internationale (GIZ) ont signé, cette semaine, un prometteur contrat pour lancer des projets «TaqatHy», dans le domaine des énergies renouvelables et l’hydrogène vert.
Même dotés d’un financement modeste de 12 millions de dollars, ces projets, qui se déclineront par des applications locales de l’hydrogène vert, permettront une intéressante intégration des technologies et un transfert de savoir-faire au profit des ingénieurs et techniciens algériens. Sept ans après la déclaration d'intention commune signée en 2015, visant à initier des projets de partenariat énergétique germano-algérien, Sonatrach et la société gazière allemande VNG AG ont paraphé un important protocole d'entente pour la réalisation de projets pilotes dans le domaine de l'hydrogène et l'ammoniac vert destinés à l’exportation vers l'Allemagne.
Cela passe par des études de faisabilité et d’évaluation du potentiel de production, transport et d’exportation de l'hydrogène vers l’Allemagne. Des études réalisées par le Centre de développement des énergies renouvelables (CDER) ont d’ores et déjà souligné les atouts de l'hydrogène vert.
Ces espoirs interviennent dans un contexte marqué par l’élaboration d’une stratégie pour le développement de cette filière en Algérie. Une stratégie qui nécessite toutefois la mise en place d'un cadre réglementaire incitatif pour capter les investisseurs d’autant plus que la demande est forte.
L'UE souhaite être approvisionnée en hydrogène vert algérien à des coûts très compétitifs dans une conjoncture marquée par une politique énergétique européenne basée sur la neutralité carbone, visant la substitution de l'énergie fossile par un développement massif des énergies renouvelables et de l'hydrogène vert. Un réseau devant traverser la Tunisie, l’Italie et l’Autriche a même été conçu pour transporter à l’avenir de l’hydrogène d’Algérie en Allemagne.
Mais l’Algérie ne sera pas le seul fournisseur d’une Allemagne en quête de diversification de ses approvisionnements. L’Inde et le Chili pourraient exporter l’hydrogène à destination de l’Allemagne, qui aide aussi la Namibie à réaliser l’un des plus grands projets d’hydrogène au monde pour un investissement d’environ 1 milliard de dollars. Les Allemands sont même prêts à aller très loin pour chercher l’énergie.
Trois coentreprises allemandes et néo-zélandaises ont entamé, depuis 2022, des recherches sur l’hydrogène vert. L’Allemagne veut aussi importer de l'hydrogène vert de la lointaine Australie et même du Canada, qui s’est engagé à assurer les premières livraisons dès 2025. De lourds investissements sont consentis pour des projets de recherche germano-canadiens.