L’actuelle intensification de la coopération sino-algérienne intervient dans une conjoncture historique. La récente visite d'État en Chine du président de la République Abdelmadjid Tebboune est intervenue à un mois d’un rendez-vous crucial : le 15e sommet des BRICS qui se tiendra à Johannesburg, du 22 au 24 août prochain.
L’enjeu est majeur : les BRICS veulent créer une nouvelle monnaie commune adossée à l'or destinée à amoindrir la suprématie du dollar. Le projet devra être discuté lors de ce sommet des cinq puissances émergentes.
Une telle monnaie ne viendra pas supplanter les devises locales, mais permettra de ne plus devoir passer via une conversion en dollars. Même si les analystes estiment que la mise en circulation effective de cette nouvelle monnaie des BRICS nécessite du temps, il n’en demeure pas moins que cet événement est historique.
Dans ce contexte, la Chine soutient l’adhésion de l’Algérie au groupe des BRICS et à l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS).
L’Algérie vient aussi de formuler une demande d’adhésion à la banque des BRICS en se disant prête à contribuer à hauteur de 1,5 milliard de dollar dans le capital de cette institution financière appelée La Nouvelle Banque de développement.
Dans la foulée, la Chine s’engage à consentir de grands investissements en Algérie. A Pékin, le chef de l’État algérien a coprésidé avec son homologue chinois Xi Jinping une cérémonie de signature de 19 accords de coopération bilatérale. Parmi ces accords figure notamment un mémorandum d'entente sur la création d'un centre de transfert de technologie.
Un tel projet est inédit. C’est la première fois que la Chine projette de créer un centre de transfert de technologie au profit d’un pays partenaire. Le transfert de technologie permettra d'accélérer la diversification de l’économie algérienne et d’aider les entreprises algériennes à se moderniser pour se placer au niveau des chaînes de valeur mondiale.
La puissance technologique de la Chine n’est plus à démontrer. Pas moins de 19 041 demandes de brevet ont été déposées par les inventeurs chinois auprès de l'Office européen des brevets (OEB) en 2022.
Un record absolu ! Des entreprises chinoises du secteur des télécommunications, comme Huawei et ZTE, sont déjà présentes en Algérie. Des centres de formation ont été mis sur pied en Algérie pour produire de la main-d'œuvre locale à même d'exploiter ces technologies, voire en concevoir de nouvelles.
Un premier centre d’innovation a été créé, il y a trois ans, en partenariat entre l’Agence nationale de promotion et de développement des parcs technologiques (ANPT) et la société chinoise ZTE au niveau du Technoparc de Sidi Abdallah à Alger.
Ce centre, qui vise le transfert des technologies, permet de faire des essais pour le lancement de la technologie pré-cinquième génération (Pré 5G) en Algérie.
Ce nouvel élan de la coopération sino-algérienne s’appuie également sur un accord-cadre de coopération dans le domaine des télécommunications et un accord de coopération crucial dans le domaine du transport ferroviaire.
Le premier projet de chemin de fer desservira le gisement de Gara Djebilet-Béchar, où le consortium chinois CMH s’apprête à exploiter la gigantesque mine de fer et à installer une usine de production d’acier dans le cadre d’un partenariat avec l’Entreprise nationale algérienne de fer et d’acier (Feraal). L’autre voie ferrée sera destinée au transport du phosphate.
Tous ces mégaprojets illustrent une intensification sans précédent des liens sino-algériens.