L’Algérie et l’exportation d’électricité

13/04/2025 mis à jour: 19:29
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La nouvelle filière d’exportation de l'excédent d'électricité est une bonne opportunité pour l'Algérie, offrant des avantages économiques et géopolitiques. La bonne nouvelle nous parvient de Sonelgaz : «Les exportations de l’Algérie en électricité ont progressé de plus de 20% en valeur en 2024 par rapport à 2023, dépassant le record de 268 millions d’euros l’an dernier.»

L'exportation d’électricité diversifierait les recettes, réduisant la dépendance aux hydrocarbures, et permettra la création d'emplois dans les secteurs des énergies renouvelables, de la construction d'infrastructures et de la maintenance. L’exportation permettra également une valorisation du gaz naturel, qui sera utilisé pour produire de l'électricité (plutôt que de l'exporter brut), ce qui ajoutera de la valeur.

Le pays dispose de nombreux atouts et leviers. Il y a d’abord la rentabilité avantagée par des coûts de production compétitifs. Avec un fort potentiel en énergies renouvelables et de réserves de gaz naturel, l’Algérie pourrait s’imposer comme un fournisseur de son surplus d'énergie fiable, renouvelable et à faible coût.

L'électricité, qui sera produite à bas coût, permettra l'exportation rentable à moyen et long terme. L'hydrogène vert peut aussi être utilisé pour produire de l'électricité écologique et à bas prix. De plus, les coûts de transport sont aisément maîtrisables grâce à l’infrastructure d’interconnexions électriques, qui consiste en un câble sous-marin lequel traversera la Méditerranée pour relier l’Algérie à l’Europe, qui permettent des exportations à grande échelle.

L’autre facteur favorable est la demande régionale et internationale de plus en plus importante. Les pays voisins (Tunisie, Libye) et surtout l'Europe (via l'Espagne ou l'Italie) sont déjà des marchés attractifs, d’autant plus qu'ils visent la décarbonation. Les prix de l'électricité en Europe sont plus élevés qu'en Afrique. En matière d’infrastructures, des interconnexions existent déjà avec la Tunisie. Un investissement dans des lignes à haute tension ou des câbles sous-marins vers l'Europe est en projet. Un projet comme Transgreen pourrait servir de modèle.

Un câble sous-marin est en cours de conception par Sonatrach et Sonelgaz pour acheminer l’électricité vers l'UE. Ces deux groupes énergétiques ont conclu, en juillet dernier à Milan, un protocole d'entente avec l’italien ENI afin de mener des études de faisabilité d'un projet d'interconnexion électrique visant l'exportation d'électricité conventionnelle et renouvelable.

Sur le plan géopolitique, le statut de grand fournisseur clé d’électricité pour l'Europe permettra à l’Algérie de renforcer son influence régionale et son rôle stratégique. Ces partenariats énergétiques pourraient améliorer et stabiliser les relations avec les pays voisins. La faible empreinte carbone de l'hydroélectricité s'aligne sur les objectifs européens en matière d'énergie propre, ce qui rend les exportations algériennes attrayantes pour les Etats européens qui privilégient les énergies renouvelables.

Ceci intervient dans un contexte marqué par une tendance baissière des capacités de production en Europe. Au-delà de la difficulté à surmonter, liée à l’investissement initial élevé des interconnexions et des centrales, il reste surtout le plus grand défi à relever : réduire le gaspillage d’électricité en interne, ce qui permettra d’exporter le gaz économisé. Il y a ainsi la nécessité de maintenir un excédent stable malgré la demande locale. Enfin, il faut dire que les avantages (diversification économique, leadership régional, transition verte) dépassent les risques et les difficultés.

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