L’Afrique s’éloigne de la France

31/07/2023 mis à jour: 00:13
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En Afrique, la république d’Emmanuel Macron ne marche plus. En mars dernier, le président français était parti en tournée africaine (la dix-huitième en six ans) pour tenter de colmater les fissures créées par le sentiment anti-français grandissant et remettre son pays dans la course pour courtiser le continent. Quatre mois après, rien ne semble sourire à Paris.

Avec le renversement de Mohamed Bazoum, la France perd en effet son dernier allié en Afrique subsaharienne. Les manifestants descendus jeudi dans les rues de Niamey ont non seulement apporté leur soutien au putsch militaire, mais ont aussi scandé des slogans hostiles à la France et agité des drapeaux russes. Scénario identique à celui vécu il y a plus d’une année au Mali et en février dernier au Burkina Faso. 

En perdant Bazoum, la France risque de perdre aussi ses privilèges au Niger, à commencer par la base militaire qu’elle détient près de Niamey. Cette base déplacée en fait depuis le Mali où elle servait l’opération Barkhane, vient tout juste de boucler une année. 

Son sort est désormais sur le fil du rasoir mettant à mal les pouvoirs de l’Hexagone dont la réaction a été à la hauteur de la surprise et la crainte de perdre définitivement le Niger.Une perte de trop qui viendra alourdir un bilan catastrophique fait d’une série de camouflets enclenchée avec l’expulsion de l’armée et de l’ambassadeur français du Mali suite au coup d’Etat de mai 2021. Le sentiment anti-français manifesté aussi bien par la junte au pouvoir que par le peuple malien exprimait la volonté d’en finir avec la présence paternaliste de l’ancien colonisateur. 

La nouvelle Constitution du Mali est d’ailleurs un clou de plus dans le cercueil du néocolonialisme. Le texte approuvé en juin dernier a renforcé la souveraineté, en éliminant, entre autres, la langue française comme langue officielle. 

Après avoir obtenu l’indépendance vis-à-vis des puissances coloniales durant les années 60/70, les pays africains sont retombés dans la dépendance de l’Occident sous des formes néocolonialistes sournoises incarnées par l’emprise mondialiste d’un côté et de l’autre, la trahison de ses élites. 

Le pillage des richesses du continent par des multinationales appuyées par les gouvernements occidentaux n’a d’égal que la faillite politique de castes dirigeantes corrompues et irresponsables souvent cooptées et téléguidées depuis des capitales occidentales. Mais de Bamako à Kinshasa se lève aujourd’hui un vent d’émancipation devant laquelle se brisent désormais les amitiés hypocrites. 

Au Niger et en attendant que la junte désormais aux commandes définisse ses choix, la rue a tranché en affichant son refus de passer à côté de la marche africaine vers un monde multipolaire où elle escompte une place à la hauteur de ses espérances.

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