L'Afrique «nabotisée» au Conseil de sécurité

29/09/2024 mis à jour: 00:01
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La chute du mur de Berlin, le 9 novembre 1989, a été un tournant décisif pour le XXIe siècle, qui nous a fait basculer sans aucun doute dans un autre univers, avec un nouveau paradigme, qui a mis fin à la confrontation américano-soviétique. 

Cet état de fait, à bien des égards, profita à la puissance américaine, à la réunification allemande (23 août 1990), prélude à celle du continent européen (1er novembre 1993 Maastricht), alors que de son côté, l’Union soviétique sombra dans le chaos, en raison d’une implosion douloureuse. Avec cette nouvelle donne, il fallait bien qu’un jour émerge une organisation différente, n’ayant que bien peu à voir avec les anciennes références.

 Quoi que les vieux démons ayant toujours pris le pas sur les jeunes espoirs, engendrés par le rééquilibrage logique de la distribution de richesse, souvent parasitée par la violence et les armes, déferlant en plusieurs points de la planète et suscitées par des Etats, qui, paradoxalement, se nourrissent autant qu’ils donnent l’illusion de se protéger de la guerre. Ce paradoxe, on peut le vérifier à travers la guerre au Moyen-Orient, où les puissants pourvoyeurs d’armes à l’entité sioniste appellent, hypocritement, dans les forums internationaux au cessez-le-feu. 

Ce à quoi a répondu, du haut de la tribune de l’ONU, de manière pathétique, Mahmoud Abbas : «Cessez de livrer des armes et de l’argent, arrêtez les crimes contre les enfants.» 

Une demande qui, bien sûr, n’a reçu qu’une  moue dubitative amusée des concernés. «L’Afrique au Conseil de sécurité ? D’accord», ont répondu les voix autorisées. Un siège permanent et peut-être deux au maximum, semble-t-on s’acheminer pour un continent qui compte presque 1,300 milliard d’habitants, lésé, qui a le plus enduré les affres de la colonisation et de ses conséquences, le vol de ses richesses. 

«L’ONU préside aux destinées de l’Afrique sans les Africains», crie-t-on à Abudja (203 millions d’habitants) et à Kinshasa (103 millions d’habitants), alors qu’elle compte plus du quart (54) des pays membres de l’Organisation onusienne et livre  à celle-ci presque la moitié de ses soldats de la paix de par le monde.

 De plus, comment cette même ONU, malgré tous les revers, continue-t-elle d'accueillir le bourreau de Tel-Aviv, qui n’a  appliqué aucune de ses dizaines de résolutions et qui vient narguer tout le monde, comme ce vendredi, en discourant avec  morgue, arrogance et mépris, comme si de rien n’était. C’est  aussi là un des effets pervers de la mondialisation à sens unique sur laquelle l’Occident a fait main basse.  

Évidemment, les dominants y ont toujours le beau rôle. Ils aiguillonnent comme il se doit, injectent ce qu’il faut de craintes et de menaces, de haine et de manœuvres, en inventant les forces du bien et du mal, se plaçant naturellement, dans le premier camp. Et comble de l’ironie,  se targuant d’être des exemples irréprochables de vertu et de morale. Les États-Unis demeurent incontestablement le gendarme du monde. Ils basent leur souveraineté et leur puissance sur un des symboles les plus prégnants, celui qui les représente plus que tout : le dieu dollar.

 Le billet vert, celui qu’on trouve dans tous les recoins de la planète, celui qui vous permet de payer un taxi, un repas ou un hôtel dans tous les pays du monde. Les crises de l’économie mondiale sont dues en grande partie aux travers de ce dollar, qui est d’être une monnaie internationale, qui a cours presque partout, et dans le même temps l’outil d’un pays, les Etats-Unis, qui l’utilise pour alimenter sa croissance et son développement.

 Ceci est un symbole de l'héritage où l'Amérique faisait rêver, avec son eldorado, sa démocratie et ses libertés. Mais au fil des ans, le dollar a pris des relents d’impérialisme. Il est devenu la devise d'émission d'une dette colossale, unilatérale, celle du Trésor américain. 

Ainsi, émettre la dette en dollar revenait à financer sa croissance par la richesse des partenaires, des obligés devenus inféodés. Pas besoin de faire un dessin. Les présidents américains qui se sont succédé depuis plus d'un demi-siècle, qu'ils soient républicains ou démocrates, adoptèrent la même philosophie, en axant plus sur la répartition de la richesse au sein de la population us, que sur le reste du monde. En face, certains pays émergents se sont organisés pour tenter de mettre fin à ce monopole mortifère. 

Cet ensemble, appelé les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), d'une manière ni hostile ni inamicale estime que les choses ne peuvent continuer de la sorte en décidant de créer leur nouvelle monnaie. Dans cette séquence, qui s'apparente à un véritable bras de fer, il est attendu la réaction de l'Europe qui dispose d'un poids économique équivalent et d'une monnaie forte. Mais est-ce que l'Oncle Sam est prêt à accepter cette mutation ? Qui se résume par une seule formule économique : accepter de perdre la souveraineté sur l'émission de dettes en dollars. 

Les Etats-Unis et l'Europe détenant en grande partie la clé des problématiques agricoles, technologiques, pharmaceutiques, financières et politiques, sont-ils prêts à négocier un «new deal» planétaire avec les grands pays émergents pour le bien commun ? Notre pays, pour sa part, en attendant d'entrer de plain-pied dans ce cercle émergent, a déjà adhéré à la NCB, la banque des Brics, qui, dixit notre ministre des Finances, Laaziz Faid, «dispose de capacités de financement  robustes, qui peuvent jouer un rôle important dans le soutien aux projets d'infrastructure et de développement durable.

 L'Algérie, en tant que nouveau membre, a l'opportunité d'utiliser ces ressources pour  accélérer  son propre développement». 

Ce premier pas  financier ouvre la voie à l'avenir à un dessein plus ambitieux, qui ne pourrait se réaliser qu'avec une économie forte, digne des impératifs et immenses efforts qui doivent être accomplis, digne aussi de nos espoirs et de nos attentes légitimes.

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