La terre et le «fellah»

08/12/2022 mis à jour: 02:41
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La souveraineté nationale ne se décrète pas mais se construit. Elle se consolide grâce à l’adhésion de son peuple autour d’un projet de société soutenu par tous. Durant ces dernières années, deux alertes ont mis à rude épreuve cette notion de l’indépendance vis-à-vis de l’étranger et du compter sur soi. La pandémie de Covid-19 et le conflit armé russo-ukrainien ont mis à nu l’incapacité des Etats à faire face, en solo, aux diverses crises qui se sont déclenchées. A la gestion par les moyens de bord du virus, suit celle du spectre de la famine induite par le changement climatique et aggravée par les perturbations importantes dans la livraison des céréales en provenance de l’Ukraine. Notre pays, qui dépend encore, en grande partie, du marché international, voit sa sécurité alimentaire remise en cause. Cela explique l’empressement du président Tebboune à inscrire dans  ses priorités le secteur  agricole dans son ensemble. Il s’agit avant tout de sortir l’agriculture de son caractère social au caractère scientifique ouvert à la modernité. La ressource humaine doit justifier d’une formation et d’une qualification lui permettant d’assimiler et de profiter des nouvelles notions du monde agricole. Cette vision repose sur la participation active des agriculteurs en général, soutenus par des ingénieurs spécialisés en la matière. Parallèlement à ces progrès enregistrés dans la manière de procéder, les nouvelles orientations du président de la République accordent un intérêt aux moyens matériels à déployer pour atteindre les objectifs tant attendus. D’ores et déjà il est question de l’autorisation d’importation du matériel roulant agricole de moins de cinq ans dans l’attente de la satisfaction de la demande par la production nationale. D’autres mesures incitatives marquent les subventions en ce qui concerne les semences, les engrais et bien sûr les facilités consenties à l’accès au crédit bancaire. Sur le plan social, l’agriculteur bénéficie d’une couverture sanitaire au même titre que les travailleurs des autres secteurs économiques du pays. Toute cette révision, en profondeur, du monde agricole n’a d’objectif que d’assurer la sécurité alimentaire nationale. Les statistiques actuelles, en dépit d’une certaine amélioration enregistrée dans les récoltes des années 2021 et 2022, montrent un écart important à combler. Sur les 12 millions de tonnes qui représentent notre consommation annuelle en céréales, seules 4 millions sont assurées par la production nationale étalée sur quelque 2,9 millions d’hectares cultivables. Il importe donc de multiplier la surface de terre arable pour combler le déficit existant entre l’offre et la demande céréalière. Les dernières informations communiquées à ce sujet font état de la mise en disponibilité de quelque 3 millions d’hectares de terre répartis en concessions agricoles au profit d’investisseurs. Des mégaprojets sont prévus avec l’aide des multinationales pour l’exploitation des surfaces de plus de 500 000 hectares selon des prévisions officielles. L’industrie de la transformation de la production agricole reste à encourager dans cette nouvelle vision du monde agricole, tant il encourage l’agriculteur à produire plus et génère, en même temps, des postes d’emploi inestimables.

Et dernier défi, il s’agit de réussir à changer de mentalité à nos agriculteurs, longtemps confinés dans une vision traditionnelle du travail de la terre.

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