La pandémie de Covid-19 a-t-elle pris fin ? «Non, la pandémie n’est pas finie. La quatrième vague qu’on a vécue est certes finie, car nous n’avons quasiment pas eu de cas Covid-19 depuis deux mois, mais ce ne sera qu’à partir du moment où l’OMS déclare la fin de la pandémie, qu’on pourra dire que cette dernière est terminée, car les variants du virus circulent toujours. Nous sommes sur la bonne voie, mais il faut être vigilant.»
Cette déclaration a été formulée par le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie, en réponse aux questions d’El Watan, posées lors d’une interview réalisée en marge du 3e congrès qu’organise, depuis vendredi dernier à Oran, la Société algérienne d’infectiologie.
Placé sous le thème : «L’infectiologie aux temps de la Covid-19», ce conclave médical a permis aux congressistes venus des quatre coins du pays ainsi qu’aux invités arrivés de Tunisie ou de France de se pencher sur une myriade de sujets d’actualité, à l’image des infections d’inoculation, des affections associées aux soins ou encore de l’enjeu lié à l’antibiothérapie.
Au programme de cette manifestation, qui se décline en conférences et ateliers, la Covid-19 a été au centre des débats, un sujet abordé sous divers aspects. Afin de tirer certaines leçons de la pandémie de coronavirus, les congressistes soutiennent qu’il convient de saisir l’élan actuel à l’égard de la Covid-19 pour renforcer la résilience des systèmes de santé face aux maladies infectieuses.
Tandis que la communauté scientifique tire des leçons de la réponse à la pandémie, il y a des opportunités pour renforcer la réponse aux défis des maladies infectieuses.
Des investissements soutenus dans la prévention et le contrôle des infections s’avèrent décisifs pour construire des systèmes de santé résilients, capables d’anticiper et d’atténuer les problèmes avant qu’il ne devienne excessivement difficile d’y répondre.
Selon les infectiologues, le meilleur moyen de relever ces défis est d’adopter une approche qui favorise la collaboration multilatérale pour tenter de remédier aux vulnérabilités. «Ce congrès est un espace de débat, d’échange d’expériences et d’élaboration de recommandations», précisent les organisateurs.
Défi relevé
«Cet événement, qui se tient en présentiel, était programmé en 2021, mais en raison de la Covid-19, il a été reporté deux fois. Le défi a été relevé par les infectiologues qui sont en première ligne du front. Les infectiologues sont ici au rendez-vous», se réjouit le Dr Yousfi. Ce dernier tient à rendre hommage à tous les professionnels de la santé, en ayant une pensée pieuse à tous les praticiens emportés par la pandémie.
Parmi les nombreuses communications prévues figurent, par exemple, un état des lieux sur la situation de la Covid-19 à Aïn Témouchent et à Saïda ainsi qu’une étude rétrospective sur les facteurs de risque de Sars-Cov-2 chez les patients atteints de Covid-19 à Médéa.
Dans cette dernière wilaya, il a été également fait une évaluation et une comparaison des différents protocoles thérapeutiques utilisés contre le SARS-Cov-2 et leur efficacité antivirale.
Une autre communication a porté sur les caractéristiques démographiques et cliniques des patients atteints de Covid-19 au CHU d’Oran. De son côté, le Dr Zertal, maître assistante en maladies infectieuses exerçant à l’hôpital El Kettar (Alger), a présenté une communication sur l’usage inapproprié des antibiotiques, qui induit une résistance des bactéries aux antibiotiques. «Nous craignons de nous retrouver dans une impasse thérapeutique.
Face à l’émergence des résistances, l’antibiothérapie n’est justifiée que lorsqu’elle apporte un réel bénéfice aux patients, et elle doit évidemment se limiter aux infections d’origine bactérienne. Le choix de la molécule doit être guidé par son efficacité espérée sur la bactérie impliquée et que celle-ci ait été parfaitement identifiée (antibiothérapie documentée)», plaide cette spécialiste.