En 2022, les glaciers suisses avaient fondu comme jamais auparavant. Un triste record qui risque de se répéter.
La saison 2023 s’annonce à nouveau désastreuse pour les montagnes suisses, dont le manteau neigeux est nettement inférieur aux niveaux habituels. D’après le réseau suisse de relevés glaciologiques (Glamos), cette couche est inférieure d’environ 30% à la moyenne des dix dernières années. Ce triste constat est réalisé à l’occasion de la «fin de la saison d’accumulation», comme l’explique Matthias Huss sur Twitter.
Chaque année, en avril, lorsque le manteau neigeux atteint son maximum, le responsable du Glamos et son équipe procèdent à une campagne de mesures sur une quinzaine de glaciers suisses. Or, ces relevés indiquent d’ores et déjà «un bilan hivernal très faible». «Cette année, les conditions sont assez similaires à l’année 2022 qui avait des pertes de glace record.
On a encore une fois très peu de neige», a souligné le glaciologue suisse dans un entretien à l’AFP. Sur certains sites, notamment dans le Sud et l’Est, la situation est encore plus critique. Des régions enregistrent ainsi un déficit allant jusqu’à 47%. Par zone, le Glamos a même mesuré «le deuxième bilan de masse hivernal le plus bas depuis le début des relevés», précise son responsable.
Seul l’extrême ouest de la Suisse fait exception à la règle, puisque les conditions y sont même légèrement supérieures à la moyenne. Un constat alarmant qui n’augure rien de bon pour cet été. Car le manteau neigeux offre une couche protectrice pour les glaciers durant la saison chaude. Sans elle, ils sont vulnérables. «Cela nous dit que les préconditions pour l’été à venir sont mauvaises pour le moment», relève en effet Matthias Huss, se gardant toutefois de prédire un nouveau record de fonte, qui viendrait battre celui de l’an dernier. «Tout dépendra des températures à venir.»
Pour rappel, la situation des glaciers suisses est particulièrement dramatique. Ils ont déjà perdu 6% de leur volume de glace entre 2021 et 2022, contre un tiers entre 2001 et 2022. En tout, leur volume a été divisé par deux depuis 1931. Un phénomène qui fait office de «symbole du changement climatique» aux yeux du glaciologue suisse.
Et dont la disparition engendrera, elle aussi, une série d’effets. A court terme, cela aura un impact notamment sur le tourisme et les dangers naturels, comme les avalanches. Et sur le long terme, leur disparition accentuera la sécheresse. Une partie importante de l’eau qui alimente le Rhône et le Rhin lors d’un été chaud et sec provient ainsi des glaciers alpins, permettant à la population de mieux affronter les sécheresses estivales.