Israël est devenu une machine froide à assassiner massivement et détruire tout aussi massivement. Mercredi, l’armée israélienne a rasé purement et simplement un village du Sud-Liban et, le même jour, l’aviation a détruit le siège de la commune de Nabatyeh, tuant tout, le Conseil municipal y compris.
Ce n’est là qu’un aperçu rapide des crimes de guerre que Netanyahu continue de perpétrer à Ghaza, qui est devenue un cimetière avec la famine qui s’y est installée. Il n’y a plus ni alimentation ni médicaments et Israël a poussé l'horreur jusqu’à interdire l’entrée de pochettes de sang pour les blessés. La polio, disparue il y a 20 ans, frappe à nouveau.
Dans cette ambiance apocalyptique, Joe Biden a annoncé mardi, avec le ton d’un zombie, qu’il a décidé d’envoyer à Israël le système de missiles anti-missiles le plus sophistiqué du monde et qui sera manipulé sur place par 100 militaires de l’US Army. Les Etats-Unis sont désormais directement impliqués dans la guerre menée contre les réfugiés palestiniens.
Désormais, il y a le risque que des soldats américains soient tués durant les opérations. L’Amérique, au vu même de la loi américaine, devient partenaire à part entière de la guerre contre les Palestiniens et ensuite les Libanais et aussi les Syriens, du moment que ces derniers annoncent que le principal port de Syrie, celui de Lattaquié, a été bombardé. Avec tout cette apocalypse qui risque d’entraîner une conflagration régionale, Lloyd Austin et Antony Blinken ont cosigné une lettre destinée au gouvernement israélien dans laquelle ils lui enjoignent d’envoyer durant 30 jours de l’aide alimentaire à Ghaza, soit 350 000 camions par jour. Ils le menacent ouvertement de sanctions s’il n’obtempère pas et de lui bloquer une partie de l’aide qui lui est destinée, mais sans préciser s’il s’agit de l’aide militaire, financière ou économique.
C’est une initiative qui va en totale contradiction avec celle de Biden, laquelle est totalement va-t-en-guerre et n’augure rien de bon pour l’avenir, laissant entrevoir de terribles destructions et des massacres d’enfants et de femmes innocents. C’est rare que les Etats-Unis imposent des sanctions.
Cela a été fait en 1982 lorsque l’armée israélienne, dirigée par Ariel Sharon, avait envahi le Liban. Elle est même arrivée jusqu’à Beyrouth. C’est dans la capitale libanaise que Sharon a fait une terrible déclaration dans laquelle il a dit : «Les Arabes sont des cafards et il faut les enfermer dans une bouteille.»
Mais l’armée israélienne a été contrainte par l’administration Reagan de se retirer parce que l’aide américaine a été suspendue. En 1990 également, avec l’administration Bush père, le secrétaire d’Etat James Baker avait décidé de suspendre l’aide à Israël pour l’obliger à mettre fin à l’extension des colonies. Elles étaient 100 000 à l’époque. Aujourd’hui, elles sont 800 000. Comme quoi, les militaires israéliens ne comprennent que le langage de la force.
Et c’est cette force dont ils usent et abusent jusqu’à nos jours. Ils ont trouvé une administration très complaisante, qui ne craint pas d’être accusée de complicité de crime de guerre, de crime contre l’humanité et de participation à une guerre génocidaire. Mais la première puissance du monde n’en a cure de tous ces détails. C’est elle qui sanctionne qui elle veut et qui absout qui elle veut.
Dans cette histoire de Ghaza, l’Amérique a perdu son humanité, elle s’est mise à dos la quasi-totalité des pays de la planète, mais elle persiste dans un aveuglement total, dans une guerre injuste contre un petit peuple désarmé qui n’a pour seules armes que vagabonder sur les routes afin de fuir la mort qui le poursuit. Selon l’UNRWA, uniquement à Ghaza, 1 200 000 Palestiniens, dont 400 000 enfants, sont déplacés en permanence, «pour leur sécurité», osent prétendre Netanyahu et son compère Yoav Gallant, le ministre de la Défense.
On a jamais vu Israël manipuler à ce point l’outrance, le mensonge. Netanyahu «ordonne», comme s’il était le maître à bord, au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, de «retirer» la Finul, devenue un témoin gênant des crimes perpétrés contre le peuple libanais.
L’armée tire sur les contingents des Casques Bleus, ses chars détruisent les camps des observateurs onusiens. Mais avec un rare culot, les Israéliens proclament sans rire qu’ils n’ont pas de problèmes avec la Finul, «qui n’est pas leur cible». Un tel culot qui témoigne du mépris par Israël de la communauté internationale, sachant qu’il a la protection inconditionnelle des Etats-Unis qui lui pardonnent tous ses crimes. Israël ne tue que «des cafards», pour reprendre Sharon.
Il a fait sienne les méthodes horribles utilisées par les nazis pour exterminer 6 millions de juifs. L’éradication des Palestiniens est en cours. Même la mort de Yahya Sinwar n'a pas assouvi Netanyahu et son complice Gallant dans leur quête permanente de sang.