La première livraison est consacrée aux patrimoines maghrébins : Le CRASC lance sa revue «Turath»

13/07/2023 mis à jour: 11:53
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L’initiative de créer Turath intervient deux décennies après la parution, à partir de l’année 2002, de la série des Cahiers du même nom, indique le CRASC qui publie une revue bien assise, Insaniyat.

Les revues culturelles sont rares. Leur périodicité est souvent perturbée. Et leur longévité toujours faible. Le Centre de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc) d’Oran vient de lancer une nouvelle revue appelée Turath, revue algérienne d’anthropologie culturelle. 

«Turath est une revue périodique semestrielle dotée d’un comité de rédaction et d’un comité de lecture national et international spécialisé composé d’éminentes personnalités scientifiques. 

La revue a pour objectif la valorisation de la recherche scientifique qui a pour champ d’étude les patrimoines matériel et immatériel dans toutes leurs dimensions, culturelles, artistiques, linguistiques, historiques et architecturales en arabe, en anglais et en français», note la rédaction de cette revue. 

L’initiative institutionnelle de créer Turath intervient deux décennies après la parution, à partir de l’année 2002, de la série des Cahiers du même nom. «Une série d’ouvrages périodiques que les chercheurs ont consacré à la publication de diverses études et documents sur le patrimoine culturel algérien et maghrébin.» 

Pour la rédaction de ce périodique, le «moment est donc venu de transformer ces cahiers en un périodique régulier qui contribuera à enrichir le débat académique sur le patrimoine culturel, fixant ainsi un cadre d’analyse, d’étude et de discussion à cette production scientifique dans toutes ses manifestations créatives et cognitives : poétiques, linguistiques, historiques, anthropologiques et sociologique».

Un article du défunt Hadj Miliani est publié dans la première livraison de la revue intitulée : Patrimoine maghrébins. 

Sociologue reconnu, M. Miliani affirme  dans son étude intitulée Eléments d’histoire sociale de la chanson populaire en Algérie que l’une des particularités des musiques et des chants en Algérie est celle d’avoir suscité peu d’intérêt quant à leurs origines, leur usage et leurs caractéristiques formelles pour les chroniqueurs et lettrés autochtones avant la colonisation française. 

«Dans cette étude, nous étalerons la variété des styles et des modes de la chanson populaire en Algérie en considérant quelques exemples puisés au travers des chants populaires et des rituels sociaux fondés sur des circonstances ou des genres (chansons satiriques et parodiques, par exemple)», relève-t-il.

«Tradition contestataire»

On accordera au café chantant un intérêt à la fois historique mais aussi documentaire quant à l’émergence des premières grandes interprètes féminines de la fin du XIXe siècle en Algérie. Il y a bien évidemment toute la tradition contestataire et critique populaire qui tissera ses couplets et ses refrains au travers de toutes les contrées du pays profond durant toute la durée de la présence coloniale», note-t-il.

Dans son article sur les «Turcs dans la poésie populaire melhoun en Algérie», le sociologue et maître de recherche au Crasc, Dellaï Ahmed-Amine, procède à une «relecture» des textes de poètes populaires «afin de voir en premier lieu l’influence de la langue des Ottomans sur l’arabe dialectal algérien à travers les emprunts faits à la langue turque dans la poésie populaire et leurs significations». 

«Dans une seconde partie, on notera comment ces mêmes poètes ont représenté l’image des Turc après avoir été très tôt impressionnés par leur puissance. Les textes relèvent trois caractéristiques propres à ces nouveaux chefs de la nation : la noblesse du maintien que dépare parfois un goût prononcé pour l’ivresse, l’orgueil démesuré et la brutalité», souligne dans son résumé le sociologue. 

L’universitaire Nabti Amar, s’intéresse à un «chant particulier» : Acteddu. Destiné aux bébés ou moins fréquemment aux enfants en bas âge, ce chant appelé aussi aserqes se «singularise par deux traits des autres types de chants : la situation de communication dans laquelle il se déroule et le contenu linguistique». 

La revue publie un article sur les danses populaires, signé Bouchiba Baraka, chercheur au laboratoire des études sahariennes. L’auteur se fait fort de proposer des pistes d’analyse de l’impact social, économique et culturel de ce patrimoine, «tout en cherchant les procédés capables de le préserver et prévenir son extinction et les aléas favorisant sa déformation».

Autre article d’intérêt, celui proposé par Falhi Slah, chercheur à l’Institut du patrimoine tunisien (INP), sur la chéchia tunisienne, couvre-feu qui «fait de la résistance» comme «objet de l’identité» profonde de ce pays.

Dans un article très fouillé, Dahdouh Abdelkader, archéologue au centre universitaire de Tipasa, s’intéresse au patrimoine culturel en Algérie sous l’angle juridique.

L’auteur répertorie le corpus juridique qui permet la protection du patrimoine culturel matériel et immatériel. La revue Turath est inscrite sur la plateforme des revues algériennes ASJP : ttps://www.asjp.cerist.dz/en/PresentationRevue/920 / www.crasc.dz

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