Représentée par Mes Ahlem Bendaoued, Abdelhafid Tamert et Fakhreddine Brahna, la partie civile n’a pas manqué de mettre en relief l’implication de chacun des accusés, en déclarant n’avoir «pas été surprise du revirement de bon nombre d’entre eux ni de la réaction de leur défense. Ceux qui disent avoir été injustement condamnés, nous leur disons que certaines décisions constituent une violation des droits du défunt Djamel Bensmain».
Agissant au nom de la famille de ce dernier, les avocats rappellent les circonstances dans lesquelles «le défunt a été accusé, jugé, condamné, frappé, blessé, égorgé, torturé, mutilé sans qu’il ne sache pourquoi. Il a été exécuté avec une violence inouïe dans une région très chère, dont la terre a été arrosée par le sang des martyrs. Azouza est le village natal d’Abane Ramdane.
Ironie du sort, Bensmain est mutilé et immolé, par des bourreaux, sur la place Abane Ramdane, un des architectes de la Révolution, un assassiné lui aussi malheureusement». Pour les avocats, «ces gens ne représentent ni Azouza, ni Abane Ramdane, ni Larbaa Nath Irathen, ni ses habitants. Djamel disait à ses bourreaux que les Kabyles sont des hommes. Ils ne peuvent pas faire ce qu’ils faisaient».
La défense rappelle les déclarations «osées» de nombreux accusés «venus sur les lieux pour aider le défunt» ou «par curiosité, et évoque parmi eux Ferhat Ferhat, «devenu célèbre avec son pull marqué par trois lettre ART, qui a nié les faits», ajoutant «si une trentaine seulement de personnes avaient réellement protégé Bensmain, il n’y aurait pas eu ce procès ».
Elle cite aussi Mostefai Chaabane «qui a bloqué la Clio», puis Haddad «qui a empêché Bensmain de filmer la scène, en l’accusant d’être un pyromane. C’est de là que tout a commencé». «Tous ceux qui étaient autour du fourgon auraient pu empêcher ce crime. Ils ne l’ont pas fait, parce que la veille, l’organisation les a mobilisés pour se regrouper. Aujourd’hui, ils disent tous être arrivés à la fin, d’autres affirment n’avoir jamais filmé alors que les expertises ont révélé l’existence de plusieurs vidéos et photos à des centaines de personnes. Ils faisaient des rapports sur l’exécution de leur plan».
Elle a également battu en brèche le rapport d’autopsie qui évoque une mort avant l’immolation alors que sur la base d’une autre expertise, on affirme qu’elle eu lieu à ce moment. «Le rapport dit qu’il est mort d’épuisement physique et d’un traumatisme à la tête. Lorsque le rapport ne donne pas l’heure, je ne le prends pas en compte.
Ce rapport dit que la voûte crânienne ne présente pas de fracture» déclare l’avocate puis exhibe des photos : «Dans la trachée, on voit encore des taches de fumée qu’il a respirée. Lorsqu’il a été égorgé, le sang n’a pas coulé et l’on sait, selon des revues spécialisées, il devient rose et quand la personne meurt par immolation, il devient pâteux.
La calcination des extrémités est due à la chaleur. La tête devient comme une cocotte minute et les vaisseaux éclatent. L’autopsie dit que le défunt était mort avant l’immolation parce qu’il n’a pas inhalé la fumée.
Comment peut-on faire cette affirmation sans effectuer une expertise pulmonaire et toxicologique ?» Pour l’avocate, le défunt «a été brûlé vif et ceux qui ont commis cet acte sont coupables de sa mort et non pas de mutilation de son corps ».