Fontaines, fugues musicales, soufisme, coutumes et traditions ancestrales jalousement conservés, réminiscences et souvenirs dépoussiérés : des tableaux de vie dans l’espace d’une société qui a su garder son authenticité…
C’est de tout cela qu’il s’agit dans La Mère Maure, le premier roman de Hind Elouchdi, publié aux éditions Ibn Khaldoun. «Au-delà de l’évocation, de la souvenance, je mets en exergue le combat sourd de la femme ‘‘coincée’’ entre le conformisme sociétal et la modernité…», se confie Hind sans prétention. Selma se meut dans la tourmente, mais pour esquiver les vagues inexorables, elle se déchaîne sur les planches…
Elle se lâche, sans tabou, pour extraire ce démon qui l’habite, ce trop plein qui la submerge. Un affront à une ville dont elle est originaire même si elle est née à Oran, une autopsie passionnelle d’une cité médiévale. Elle raconte, avec un style fluide et passionnant, cette terre des ancêtres traversée par les Andalous, les Turcs et ce mysticisme tant pointé à l’ancienne Pomaria.
Audacieuse, Hind l’est. Scientifique de formation, Mme Elouchdi est passée à la littérature sans encombre, une facilité dictée par sa spontanéité, sa sincérité, son honnêteté intellectuelle. Au fil des pages, l’on est bercé par des étapes riches en événements, un voyage dans les méandres et les «secrets» de la ville aux platanes. Samedi, la bibliothèque principale de lecture publique, Mohammed Dib, lui a organisé une vente dédicace, en présence du jeune directeur de la bibliothèque, Zineddine Torchaoui, un homme qui a redonné vie à la culture à Tlemcen, du directeur de la culture, toujours omniprésent lors des manifestations culturelles, de la dynamique directrice du centre des arts et des expositions et d’un nombreux public averti.
Le poète Noureddine Mebkhouti, avec son verbe, a animé le débat, un échange et une interaction riches. La Mère Maure, un roman à lire pour tenter une immersion dans Tlemcen, pour sa beauté littéraire…