La mère de toutes les batailles

05/01/2022 mis à jour: 17:13
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Le président Abdelmadjid Tebboune s’est engagé à tordre le cou à la corruption lors du dernier Conseil des ministres de ce dimanche 2 janvier  courant.

Appelée à prendre la place de l’ONPLC (Organe national de prévention et de lutte contre la corruption), la mise en place prochainement de la Haute Autorité de transparence, de prévention et de lutte contre la corruption (HATPLC) en application des amendements de la Constitution révisée du 1er novembre 2020, implique des prérogatives plus étendues, une indépendance par rapport au pouvoir politique et aux sphères de décisions et d’influences, d’une manière générale, pour pouvoir remplir convenablement et sans contrainte ses missions régaliennes d’instrument de moralisation de la vie publique.

L’expérience passée en matière de lutte contre la corruption n’a pas porté les fruits escomptés, comme l’attestent les procès des Premiers ministres, des ministres et autres commis de l’Etat et oligarques proches du système déchu de Bouteflika, qui symbolisent la corruption institutionnelle au sommet de l’Etat.

Avant que n’éclatent ces scandales de corruption, consécutivement à la chute de Bouteflika, précipitée par le mouvement populaire du 22 février 2019, les grands dossiers de corruption traités par les tribunaux (affaires Khalifa, Sonatrach, autoroute Est- Ouest…) ont laissé un goût amer de procès bâclés.

La responsabilité politique dans les actes de déprédation de l’économie nationale n’a jamais été établie. Les condamnations furent sélectives ; les donneurs d’ordre, les parrains de la corruption tapis dans le pouvoir ont échappé aux rets de la justice. Avec le départ de Bouteflika, les Algériens découvrirent, sans surprise – tant le hold-up des deniers publics s’opérait à visage découvert –, l’étendue du phénomène de la corruption institutionnelle dans le pays.

Le peuple exultait et savourait de voir de hauts responsables censés être au service de la collectivité, sommés de rendre des comptes devant les tribunaux, laissant aux analystes le débat sur le sens à donner à ces procès.

Lors du dernier Conseil des ministres, le président Tebboune a mis le doigt sur la plaie en plaçant le curseur sur le corps des agents publics de l’Etat appelés à être sous les feux des projecteurs et de la loupe des enquêteurs chargés de la lutte contre la corruption. Qui sera concerné par les enquêtes ?

Y aura-t-il des intouchables, comme cela a toujours été le cas ? La nature du système politique fondé sur le jeu des arbitrages et des pouvoirs d’influences claniques a limité, par le passé, l’engagement de l’Etat dans la lutte contre la corruption aux échelons intermédiaires, à la petite délinquance administrative.

Le président Tebboune a promis, lors de son intervention devant le Conseil des ministres, que «les enquêtes sur l’enrichissement des fonctionnaires publics seront menées sans exclusive aucune». Autrement dit, celui qui sera pris la main dans le sac paiera cash son forfait, du plus petit fonctionnaire aux grands commis de l’Etat à travers ses différentes institutions.

Même s’il a la volonté politique pour moraliser la vie publique, le président Tebboune a-t-il les coudées franches pour s’attaquer à toutes les fortunes acquises illicitement sous l’ère Bouteflika par des personnalités influentes, en poste ou ayant quitté le pouvoir ?

Des contre-pouvoirs forts : une presse libre, une indépendance de la justice, une démocratie parlementaire, ce sont là les meilleurs alliés de Tebboune pour relever le défi de la lutte contre la corruption, mère de toutes les batailles.

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