La liste des produits interdits à l’exportation se précise

31/03/2022 mis à jour: 13:13
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Les légumes secs font partie des produits concernés par la mesure / Photo : D. R.

«Nous n’avons pas été avertis, et en plus nous n’avons eu droit à aucun détail sur une telle décision. Ce qui fait que nous sommes bloqués aujourd’hui et nous ne pouvons pas travailler», nous confie le président du Caflex.

L’interdiction des exportations alimentaires continue à susciter l’inquiétude chez les opérateurs économiques. Tout au long de ce mois de mars, le temps était à l’attente de la liste détaillée des produits concernés par la décision annoncée mi-février par le ministre du Commerce et de la Promotion du commerce extérieur, Kamel Rezig, avant d’être appuyée à l’issue des deux derniers Conseils des ministres (13 et 27 mars).

Mais, sans donner de précisions. C’est ce qui a créé une certaine confusion concernant l’interprétation de la décision et qui a engendré le blocage des exportations alimentaires pour de nombreux produits.

Si, au début, la mesure a touché les boissons avant d’être levée selon Miloudi Azzedine, un transitaire habitué à suivre les opérations d’exportations depuis 2004, elle reste en vigueur pour d’autres produits en dehors des pâtes et huiles alimentaires, le sucre et la semoule. Ce n’est que ces deux derniers jours que des informations commencent à circuler sur les produits concernés par cette mesure.

Ainsi, en plus des produits cités plus haut, la betterave, les œufs, les légumes secs, la pomme de terre, l’ail et la tomate transformée (double et triple concentré) seraient interdits à l’exportation alors que les dattes sont toujours exportables.

L’huile d’olive et les olives sont également autorisées à l’exportation, selon notre source. Cependant, la liste arrêtée par le ministère du Commerce n’est pas encore appliquée, selon le transitaire qui nous dira : «Au niveau des services douaniers, il n’y a rien d’officiel sur la nouvelle liste. Nous ne pouvons toujours pas exporter des produits alimentaires, notamment les fruits et légumes».

M. Miloudi nous donnera l’exemple d’un exportateur de truffes qui s’est vu refuser en février dernier l’expédition vers l’Europe d’une cargaison d’une valeur de 2,5 millions de dinars. «Pour les fruits et légumes, ce sont des produits périssables qu’on ne peut même pas récupérer. Et ce, d’autant que nos frontières sont dépourvues d’aires de stockage aux normes, alors autant donner des précisions pour éviter aux exportateurs des pertes et des mauvaises surprises une fois les marchandises arrivées aux ports ou aux aéroports».

Cafouillage

Cela pour dire que les producteurs et les exportateurs sont toujours dans le flou total et dans une situation d’embarras face à leurs clients étrangers, comme nous le dit Toufik Hadkeheil, président du Cluster algérien de fruitset légumes (Caflex) qui est également exportateur.

«Nous avons demandé à voir la liste des produits interdits à l’exportation, mais c’est toujours le flou. Nous n’avons pas été avertis et en plus nous n’avons eu droit à aucun détail sur une telle décision. Ce qui fait que nous sommes bloqués aujourd’hui et nous ne pouvons pas travailler», nous confie le président du Caflex qui regrette un tel cafouillage au moment où les exportateurs travaillent sur la conquête de nouveaux marchés et la fidélisation de leurs clients habituels.

«Certes, nos exportations ne représentent que quelques millions de dollars, mais c’est important pour nous et pour la promotion du produit algérien à l’étranger, un point sur lequel la diplomatie économique se penche depuis quelque temps. C’est paradoxal. D’ailleurs, ces derniers temps, les Allemands nous ont sollicités et nous avons des contacts avec des clients saoudiens avec la reprise de la Omra. Malheureusement, nous ne pouvons pas honorer nos engagements dans de telles conditions», note M. Hadkeheil qui nous fera part du blocage de conteneurs de petits pois et d’artichauts au niveau des ports.

«Des légumes pourtant à forte valeur ajoutée», nous précise-t-il. Notre opérateur a essuyé face à ce blocage une perte de 1,5 million de dinars. «Comme je n’ai pas été informé, j’ai chargé une cargaison d’une valeur de plus d’un million de dinars qui a été refusée par les services douaniers au port. Tout cela faute de communication», poursuit M. Hadkeheil. Raouf Bouras, exportateur de fruits et légumes de saison, se retrouve également dans ce cas de figure.

«Il n’y a même pas eu de préavis. Il fallait au moins nous aviser pour nous permettre de nous préparer à cette interdiction. J’ai l’habitude d’exporter entre 5 et 6 tonnes de fruits et légumes de saison vers le France, soit 24 à 30 tonnes par mois. Mais depuis le mois de février, rien. J’ai dû décommander auprès de mes fournisseurs et je risque ainsi de perdre mes clients au moment où l’on parle de la promotion des exportations hors hydrocarbures», regrette M. Bouras qui se dit désavantagé par une telle décision.

Une question sur laquelle le représentant du ministère du Commerce apporte des précisions. «La décision prise par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune lors du Conseil des ministres du 13 mars dernier n’est pas désavantageuse à l’égard des opérateurs économiques mais préserve l’intérêt suprême du pays», a précisé le 27 mars dernier sur les ondes de la radio nationale Samy Kolli, directeur de la régulation et des activités au ministère du Commerce.

«Il s’agit des mesures souveraines importantes visant à garantir la sécurité alimentaire aux citoyens», a soutenu le responsable, relevant qu’aujourd’hui, les matières premières ne sont pas disponibles sur les marchés mondiaux.

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