Les politiques gouvernementales de soutien à l’inclusion des personnes en situation de handicap demeurent un chantier ouvert. Les dispositifs législatifs et institutionnels, ainsi que les stratégies nationales visant la promotion et la protection de leurs droits ne sont pas totalement achevés, au vu de ce qui est recondamné par les associations, la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l’homme et autres ONG.
Certes, une batterie de lois relatives à la protection et à la promotion des personnes handicapées a été promulguée pour soutenir et aider à leur intégration dans la société et l’amélioration de leur environnement. L’application de ces lois peinent à se généraliser. Bien qu’on observe un léger retour de l’intérêt pour ce sujet, au cours des dernières années, Pr Saliha Bouzid Baa relève néanmoins que sur le plan du droit, «la législation touchant cette frange de la société s’arrête devant le portail de nos universités, d’où l’importance de l’existence de ce genre de cellule qu’il faudra généraliser à travers les campus tant que son rôle consiste à aider ces étudiants, et ce, en organisant leurs études et veiller à ce que des aménagements soient apportés à leur programme».
Elle constate qu’en plus de l’inexistence de statistique, les textes spécifiques aux étudiants à besoins spécifiques restent également à élaborer pour faciliter les déplacements et les activités pédagogiques de cette frange de la société.
Selon le rapport de la CASAM de mars 2021, «l’attention accordée à l’accès des étudiants avec égales chances, à tous les secteurs de vie et à l’enseignement supérieur en particulier, constitue un principe de justice sociale partagé, mais il demeure que la situation concrète qui prévaut dans l’enseignement supérieur en Algérie demande un examen plus attentif et plus poussé, en ce sens qu’il exige la connaissance parfaite de l’état des lieux, de la proportion des étudiants qui proviendraient des catégories dites à besoins particuliers, qu’il faut aussi définir».
Ce constat, d’après la même source, «est d’autant plus triste quand on le compare aux efforts déployés par les autorités publiques en vue de mettre en application une stratégie de démocratisation et de transparence dans l’accès à l’enseignement supérieur. Cette discordance traduit des disfonctionnement et des incohérences entre les objectifs souhaités et les résultats atteints par les politiques d’enseignement supérieur».
22,5 % de taux d’abandon
Les pratiques de l’enseignement inclusif dans l’université algérienne restent complètement à bâtir. Dans nos universités, les étudiants aux besoins spécifiques sont les personnes les plus marginalisées sur les campus. Vulnérables, elles luttent tous les jours pour mener à bien leur cursus universitaire, affrontant toutes formes de stigmatisation, de discrimination, en sus des obstacles physiques et pédagogiques.
Le même rapport indique que «dans les établissements de l’enseignement supérieur, les défaillances et les pratiques pédagogiques en cours contribuent à l’émergence d’un enseignement sélectif qui sanctionne en premier lieu ces groupes socialement vulnérables qui représente un taux d’abandon et d’exclusion de 22,5%». C’est pour quoi, la concrétisation du concept de l’éducation inclusive est fondamentale non seulement pour les étudiants, mais aussi pour les sociétés dans lesquelles ils vivent.
Intégrer les instruments de l’enseignement inclusif
L’université doit à cet effet adapter son fonctionnement et sa réglementation pour chaque cas, en la rendant souple au profit des personnes aux besoins particuliers. Il a été constaté ces dernières années, que le nombre de ces étudiants sont en constante augmentation, et cela prouve que la scolarisation des enfants démunis a donné quelques résultats dans les paliers inférieurs du système éducatif, mais cela reste insuffisant.
«L’inscription des étudiants aux besoins spécifiques à l’université est en augmentation constante dans les différentes filières, et selon un chiffre récent, près de 200 étudiants aux besoins spécifiques sont inscrits à l’université de Béjaïa», selon l’oratrice. Cela suppose inévitablement, d’après la spécialiste, «la mise en place d’un dispositif d’accompagnement et de compensation pour répondre aux conditions d’un enseignement inclusif».
Pour cette raison, il est urgent d’asseoir des pratiques et des aménagements qui sont, à présent, inexistants ou peu à travers nos universités, pour permettre à cette catégorie estudiantine d’accéder au savoir. Pour se faire, le programme Tempus, mené par les cellules locales mise sur la sensibilisation afin de combattre les contraintes endurées par les étudiants souffrant de différentes déficiences et réduire enfin les échecs liés à ces conditions, notamment, le décrochage universitaire et de consacrer la diversité au sein de l’enseignement supérieur.
Leur rôle est donc de faciliter un bon accueil qui permettra d’atteindre ces résultats, d’augmenter l’autonomie dans le processus des études, développer les compétences des étudiants, offrir un système de guidage accessible et visible et intégrer les concepts et les instruments de l’enseignement inclusif dans la vision globale de l’université de Béjaia.