On attendait avec une certaine impatience l’entrée en lice de notre espoir de médaille, la judokate pluri-championne d’Afrique Belkadi Amina, dont le sort du tirage avait mis sur le chemin de ses grandes ambitions de médaille l’Italienne Angela Carini.
Elle en disposera difficilement dans la matinée d’hier dans une enceinte de l’Arena Champs-de-Mars déjà pleine. Dans ce combat très disputé, Amina Belkadi surprendra son adversaire en se voyant attribué un Waza Ari (un point) que lui contestera jusqu’au bout sa malheureuse adversaire. Les membres de la délégation algérienne présents avaient d’ores et déjà exprimé bruyamment leur joie et l’on s’était dit que c’était bien parti pour notre représentante.
Belkadi Amina a commencé très tôt la pratique du judo. Née en 1992 à Remchi (Tlemcen), elle est inscrite à l’Institut supérieur des sports (ISTS) et est affiliée au club de gymnastique de la dynamique de Baba Hassen, banlieue d’Alger. Sa carrière va démarrer de là. Championne d’Algérie avec son club, elle est intégrée en équipe nationale dés ses 21 ans et va survoler l’Afrique dans sa catégorie de prédilection. Plusieurs fois championne du continent, elle sera plébiscitée en 2019 au titre gratifiant de meilleure sportive algérienne de l’année.
C’est dire qu’il ne manquait à Amina Belkadi que de matérialiser sa domination africaine et arabe par une bonne tenue et, pourquoi pas, une médaille à ces Jeux olympique pour asseoir, presque à 32 ans, une carrière sportive brillamment menée.
Malheureusement, le sort allait mettre sur son chemin, dès le tour suivant, une concurrente forte d’un titre européen acquis en 2023 et d’une place de vice-championne du monde glanée la même année à Doha (Qatar). La Slovène Leski Andreja est, à 27 ans, une professionnelle du judo sur un continent où les compétitions et donc la préparation de haut niveau ne s’arrêtent pas toute l’année.
Les deux concurrents s’agrippent à leur kimono d’entrée dans ce que les gens désignent sous le vocable de période d’observation.
Sur le tatamis, Amina Belkadi a pu résister par la suite à la puissance des assauts de Leski Andreja en contre-attaquant parfois non sans quelques imprécisions et donc sans grands succès. Poussée par son ambition, Amina Belkadi montre, au creux des initiatives de la Slovène, de l’entrain et de l’activité. Face à cette combativité, la juge roumaine accordera à notre compatriote un Waza Ari (1 à 0) qui allait entretenir l’illusion, un avantage bien trop loin de la fin du combat puisqu’il restait plus d’une minute à tenir pour être libérée.
Malheureusement, la Slovène va sortir son va-tout et mettre en valeur sa jeunesse et sa puissance physique. Elle remportera d’ailleurs son combat par Ippon tuant dans l’œuf les illusions algériennes d’une accession aux quarts de finale. Abattue, Amina Belkadi a paru meurtrie dans la zone mixte, elle qui voulait rejoindre le cercle fermé des médaillés olympiques nationaux et particulièrement la seule femme judokate à ce jour à avoir connue cet honneur aux Jeux olympiques de Tokyo : Soraya Haddad.
Quant à la Slovène Leski Andreja, elle poursuivra la compétition et sur sa lancée elle disposera peu après de la Canadienne Beaucheur Pinard Catherine, avant d’affronter la Française Clarisse Agbenou et s’ouvrir les portes des quarts de finale.
De notre envoyé spécial à Paris Omar Kharoum
Déclaration à chaud d’Amina Belkadi : «La réalité de la défaite m’est amère»
«Contre la Slovène, je n’ai pas pu m’en sortir. Sincèrement, je n’avais pas imaginé ce scénario. C’est une vice-championne du monde. Elle avait la maîtrise du combat. Je m’étais vue accéder aux quarts de finale, malheureusement, je pense que la chance dont j’avais besoin n’était pas au rendez-vous avec ce tirage au sort difficile. J’ai eu ces temps-ci une grosse pression. Je demande à ceux qui ont cru en moi de me pardonner de les avoir déçus. Je voulais absolument conserver mon avantage après le Waza Ari. Il restait une minute et quelques secondes. C’était long pour préserver cet avantage d’un point. Ma rivale a alors tout mis en branle, un rythme d’exécution élevé et une pression physique. C’était pesant et j’ai fini par être surprise. Vous voyez que notre niveau n’est pas loin du niveau mondial. Nous ne parlons pas ici d’un niveau moyen, et comme vous le voyez ce sont les Jeux olympiques où rien ne doit être laissé au hasard. Ce n’est pas faute de ne pas avoir essayé. Par le fait de ne pas avoir donné de la joie et de la fierté au peuple algérien, la réalité de la défaite m’est encore plus amère...»