Les Etats-Unis se sont enfin décidés à reprendre l’initiative au sein du Conseil de sécurité de l’ONU, en proposant un projet de résolution sur un cessez-le-feu dans la bande de Ghaza. Impliquée directement dans le conflit, en assurant un bouclier diplomatique intraitable au protégé israélien et en lui fournissant un soutien financier et militaire sans précédent, la puissance américaine a jugé donc le moment venu pour user des voix onusiennes pour peser autrement sur les événements, en proposant un projet de résolution sur un cessez-le-feu.
Le double veto russe et chinois et un vote défavorable de l’Algérie ont recalé le projet, jugé par tous ceux qui ne cautionnent pas la campagne meurtrière de la machine de guerre israélienne comme «vicieux» et en décalage avec les éléments constitutifs du conflit. Le texte américain se suffit ainsi de défendre platoniquement «la nécessité» d’un cessez-le-feu. Fin octobre dernier, les diplomates américains s’étaient également heurtés à l’adversité russe et chinoise sur un autre projet de résolution, axé là encore sur la condamnation du Hamas et ne comportant pas de disposition condamnant les massacres israéliens de civils palestiniens, avaient en substance relevé les délégations arabes et des acteurs internationaux ne faisant pas partie du club des soutiens déclarés de l’Etat hébreu.
En visite avant-hier à Tel-Aviv, le secrétaire d’Etat américain a réagi à ce qui s’apparente à un échec diplomatique en traitant de «cynique» la position des puissances rivales sur la question. Le même «cynisme» dont a été accusée l’administration américaine quand ses représentants ont dû plusieurs fois, depuis octobre dernier, user du veto pour contrer des projets de résolution, dont le tout dernier a émané de la diplomatie algérienne, le 18 février. Les diplomates délégués par Washington au sein de l’institution onusienne ont, en effet, donné l’air, durant ces cinq derniers mois, d’avoir comme principale mission de faire obstruction à toute initiative visant la condamnation des crimes de Tel-Aviv sur les civils et l’arrêt des hostilités, même temporaire et conçu prioritairement pour organiser des secours d’urgence aux populations poussées dans l’extrême difficulté.
Les plans militaires de Netanyahu, pour se déployer sur le terrain sans grandes conséquences diplomatiques, ont eu comme principal allié cette posture américaine d’appui inconditionnel au sein des instances internationales, malgré les sinistres record d’horreur battus quasi-quotidiennement dans la bande de Ghaza. Même la dispersion progressive du concert des alliés occidentaux, constitué autour de Tel-Aviv au lendemain du 7 octobre 2023, après l’éveil des opinions publiques, en Europe notamment, n’a pas dissuadé la diplomatie américaine de reconsidérer cette proximité avec l’allié hébreu et ses menées génocidaires.
Les conditions du rejet de la dernière initiative, repoussée par les veto chinois et russe, donne certes à voir un pan du fonctionnement au sein du Conseil de sécurité et son travers désormais reconnu d’être prisonnier du statut abusif accordé aux «puissances» en leur qualité de membres permanents. Mais les faits disent également combien les Etats-Unis, dont la responsabilité sur le cas précis de Ghaza est proportionnelle à son engagement direct dans le conflit aux côtés d’Israël, ne peuvent pas être un acteur de la paix tout en étant un acteur de la guerre.
Au demeurant, le premier concerné par une issue au cauchemar qui dure dans les territoires dévastés de l’enclave, le Hamas, se félicite du fait que la résolution américaine n’ait pu passer. Le mouvement exprime sa reconnaissance également aux diplomaties algérienne, chinoise et russe d’avoir exprimé leur opposition au sein du Conseil de sécurité.