La fin du cauchemar

10/12/2024 mis à jour: 09:28
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Fin du calvaire pour le peuple syrien. Durant 54 ans, il a subi l’enfer avec le clan Al Assad, d’abord avec le père Hafez et ensuite le fils Bachar, 54 ans durant lesquels il a connu une répression sanglante avec les emprisonnements arbitraires, la torture, le viol des jeunes femmes.

La répression, qui s'est abattue sur le peuple en 2011-2012, s’est soldée par 300 000 disparitions, selon l’ONU, 6 millions de réfugiés accueillis par les pays arabes et les Européens, soit le quart de la population. Le régime a montré son visage hideux durant ce Printemps arabe. Il n’a pas, par exemple, lésiné sur l’utilisation de gaz et autres produits létaux contre les femmes et les enfants.

Les images vues à la télévision étaient insoutenables, avec des enfants qui se tordaient de douleur, des femmes enceintes en train d’agonir. Bachar Al Assad s’était montré sans pitié pour son peuple. Il était devenu Président parce que l’héritier désigné par le père pour la succession était mort dans un accident d’avion. Peu disert, sans aucun charisme et têtu, il n’écoutait personne et gérait la Syrie avec une poigne qui rappelait les pires dictateurs.

Lorsque les rebelles du HTS ont ouvert les portes des prisons qu’ils venaient de conquérir, ils ont découvert l’inimaginable. Des prisonniers qui croupissaient dans les cellules depuis 30 et 40 ans sans jugement. Il y avait aussi des Libanais, dont certains étaient considérés comme morts par leurs proches. Il y avait un Libanais arrêté en 1982 à un barrage de l’armée.

Il avait 17 ans, ses parents l’ont cru mort. Un miracle. Il y avait également des Palestiniens, des Israéliens. La gestion de la Syrie était devenue une affaire familiale, avec une mère autoritaire qui se mêlait de tout, un frère qui gérait d’une main de fer les services de sécurité et qui vivait dans l’ombre et n’avait de compte à rendre à personne. Bachar Al Assad ne voyait les relations avec le peuple qu’avec le fouet et il le considérait avec mépris.

Par exemple, il n’a jamais manifesté une quelconque compassion pour les 6 millions de Syriens réfugiés à l’étranger ou les autres 1 million et demi vivant dans les tentes ou vagabondant à travers la Syrie pour survivre. C’est ce qui explique que lorsque les hommes de Joulani ont occupé les villes avec une stupéfiante rapidité, les militaires d'Al Assad n’ont opposé aucune résistance. A croire qu’ils attendaient ce moment. En plus, le peuple est spontanément descendu dans la rue pour manifester sa joie.

Apparemment, le chef de la rébellion avait en tête le chaos qui s’était acharné sur l’Irak et la Libye après la chute et la mort de Sadam Hussein et Mouammar El Gueddafi. Il ne voulait pas que la Syrie subisse le même sort. Pourtant, son profil est trompeur. Il s’était engagé dès le départ avec Al Qaïda. Ensuite, il a créé le Front Al Nosra avec lequel il s’était installé à Idleb, où il gérait la cité d’une main de fer.

Avec HTS, il est devenu un autre homme. Il a abandonné ses positions radicales d’antan. Lorsqu’il  arrivait avec ses hommes, il se voulait rassurant avec la population, appelant les communautés, qu’elles soient sunnite, chiite, kurde, chrétienne ou alaouite, à rester sur place en leur promettant protection et paix. Il a ordonné à ses hommes de ne pas s’approcher des édifices publics, pour leur enlever toute tentation de pillage et de possibles exactions.

Pour montrer sa bonne foi, il a demandé au Premier ministre nommé par Bachar Al Assad de continuer à gérer les affaires courantes et  appelé les Syriens réfugiés à l’étranger à rentrer au pays, ce que beaucoup d’entre eux ont déjà commencé à faire. C’est ce discours rassurant qui a réchauffé le cœur d’un peuple ayant vécu dans une terreur totale durant plus de cinq décennies.

De toute évidence, la disparition du clan Al Assad permet de voir la Syrie autrement. Bachar Al Assad n’a jamais cherché à défendre son pays contre les agressions incessantes d’Israël. Celui-ci a imposé au pays une terreur permanente, ce qui l’a tétanisé et empêché de prendre une quelconque initiative, comme récupérer le Golan occupé. Au-delà des possibles conséquences, on retiendra surtout que le peuple syrien va commencer à goûter enfin à la liberté. 
 

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