Une entreprise allemande qui développe des carburants de synthèse a indiqué qu’elle contestait devant la justice européenne l’interdiction des moteurs thermiques pour les voitures vendues, à partir de 2035.
Au-delà des constructeurs automobiles, l’interdiction des ventes de voitures neuves thermiques et hybrides à partir de 2035 au sein des pays de l’Union européennes ne fait pas que des heureux chez certaines entreprises et manufacturiers qui gravitent autour de cette industrie. Une entreprise allemande, spécialisée dans le développement de carburants de synthèse, a récemment annoncé qu’elle contestait devant la Cour européenne de justice l’interdiction des moteurs thermiques à partir de 2035.
Cette décision a été prise par plusieurs filiales de l’entreprise Lühmann Gruppe, une société renommée dans la distribution de carburants en Allemagne. Leur objectif est de contester le durcissement des normes d’émissions de CO2, une mesure qui, selon eux, entrave la mise en place d’une industrie innovante axée sur les carburants renouvelables.
L’Union européenne a récemment approuvé la fin des moteurs thermiques dans les voitures neuves à partir de 2035, une mesure cruciale pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, conformément au plan climat européen. Cependant, cette résolution ne prévoit pas, pour le moment, de prolonger l’utilisation des moteurs thermiques pour les carburants synthétiques. Pour rappel, les carburants synthétiques sont produits à partir du CO2 issu d’activités industrielles et sont présentés comme une solution neutre en carbone par leurs partisans.
Néanmoins, cette alternative est actuellement considérée comme coûteuse et inefficace dans la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier par rapport aux véhicules électriques. La question des carburants synthétiques a suscité de vifs débats entre les États membres avant le vote. L’Allemagne, où l’industrie automobile joue un rôle essentiel dans l’économie, avait même menacé de bloquer la procédure, en mars dernier, pour que la Commission européenne assouplisse la règle sur ces carburants.
Finalement, un compromis avait été trouvé, avec l’engagement de Bruxelles à ouvrir davantage la voie aux carburants de synthèse dans une proposition distincte, qui devrait être validée d’ici l’automne 2024. Cependant, le texte initial de l’interdiction des moteurs à combustion reste inchangé pour l’instant.
Le groupe Lühmann considère que ce compromis est insuffisant. L’entreprise, qui emploie plusieurs centaines de personnes en Allemagne, s’est engagée, ces dernières années, dans une transition partielle vers les carburants de synthèse. Selon le P-DG du groupe, Lorenz Kiene, «les carburants à bilan carbone neutre offrent la seule possibilité d’intégrer les véhicules équipés de moteurs à combustion qui continueront de dominer les parcs automobiles à long terme, dans les efforts de protection du climat.»
R. A. P.