La fin de l'idéal olympique ?

31/03/2023 mis à jour: 07:14
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L’olympisme vit les moments les plus difficiles de sa longue et riche existence. Sa charte a résisté au temps et aux crises qui l’ont secoué à trois reprises, le boycott des Jeux en 1976, 1980 et 1984 pour des raisons et motivations purement politiques.

Dès la fin du second conflit mondial (1945), le Comité international olympique (CIO) fait face à une situation nouvelle engendrée par les indépendances en Afrique, le rôle de plus en plus croissant des pays européens, l’émergence du continent asiatique et la place de plus en plus importante qu’occupent le sport et ses plus grandes manifestations (Jeux olympiques, Coupe du monde de football...).

Bien sûr, la politique n’était pas bien loin et allait devenir un levier important dans le concert du sport. Elle allait peser de tout son poids lors des Jeux olympiques organisés à Montréal, au Canada.

Le 3 juillet 1976, des pays africains (22) font savoir au CIO qu’ils boycotteront les JO, si la Nouvelle-Zélande n’est pas exclue à cause des relations qu’elle entretient avec l’Afrique du Sud et son régime d’apartheid.

Les Jeux olympiques se sont déroulés sans la présence d’athlètes africains. Premier coup de grisou qui sera suivi par deux autres, lorsque les Etats-Unis sous la pression du président Jimmy Carter qui a demandé au Comité national olympique américain de faire l’impasse sur les JO de Moscou (1980) à cause de l’intervention militaire de l’URSS en Afghanistan en décembre 1979. Soixante-six pays ont boycotté les Jeux de Moscou.

Lord Killanin, président du CIO, a proposé que des athlètes issus de pays ayant boycotté la compétition multisports mondiale puissent participer sous la bannière olympique. Quatre ans plus tard, l’Union soviétique appelait au boycott des Jeux de Los Angeles (Etats-Unis) et elle a été suivie par des pays amis.

La politique a fini par entrer de plain-pied dans le sport, or la Charte olympique et les statuts des fédérations internationales interdisent toute interférence politique dans le sport.

Le CIO a alors vu sa marge de manœuvre réduite et a dû composer, la mort dans l’âme. Aujourd’hui, à la veille des Jeux olympiques de Paris (été 2024), le CIO est dans l’impasse à cause de la politique et du conflit armé russo-ukrainien.

Ce dernier a complètement divisé la famille olympique. Mardi, le Comex du CIO s’est réuni à Lausanne pour se pencher sur la question qui fâche. Faut-il ou non autoriser les athlètes russes et biélorusses à participer aux Jeux de Paris ? Pour l’instant, la Russie et la Biélorussie sont, en tant que pays, bannis du prochain grand rendez-vous olympique qu’abritera Paris.

Le président du CIO fait l’objet de terribles pressions de la part de chancelleries européennes, soutenues par les Etats-Unis, pour interdire de participation les athlètes russes et biélorusses, même sous la bannière «neutre» empruntée à Lord Killanin.

Sa proposition de réintégrer les athlètes des deux pays cités est formulée le 7 décembre 2020. En tant qu’ancien sportif, médaillé aux Jeux olympiques en 1976, le président Thomas Bach veut que les athlètes russes et biélorusses participent aux Jeux sous les couleurs de leurs pays respectifs.

Il a dit : «Si des athlètes sont interdits de participation aux Jeux olympiques pour des raisons autres que sportives, cela signifie la fin de l’olympisme». Il risque fort de ne pas être entendu.

Il a gagné une première bataille en obtenant des fédérations internationales que les athlètes russes et biélorusses puissent participer, sous la bannière neutre, aux compétitions internationales et aux qualifications pour les JO de 2024.

Les pays occidentaux sont en désaccord total avec lui sur ce chapitre. Il a jusqu’au 26 juillet prochain pour être définitivement fixé sur la carte de participation aux Jeux de Paris.

Le jour J, il risque de se retrouver face à l’équation suivante : des Jeux olympiques avec Russes et Biélorusses et sans Ukrainiens ou le contraire.

La politique va finir par tuer le sport et les idéaux de l’olympisme. Et la position de l’Afrique vis-à-vis de ce problème ? Elle s’est alignée sur celle du président du CIO.

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