A l’heure où les troupes russes continuent leur invasion de l’Ukraine, des membres de la diaspora algérienne coincés dans ce pays d’Europe de l’Est vivent dans la peur et l’angoisse, sous le bruit des bombes et des sirènes.
La violence de la guerre que mène Vladimir Poutine en Ukraine et la rapidité du déploiement des forces russes ont pris de court les centaines de ressortissants algériens, comme c’est le cas pour tous les résidents étrangers en Ukraine. Depuis jeudi dernier, des ressortissants algériens, dont des étudiants, ont lancé, via des vidéos postées sur les réseaux sociaux, des appels aux autorités pour organiser leur rapatriement, alors qu’un ressortissant algérien est décédé, samedi dernier, dans la ville de Kharkiv, deuxième ville du pays, selon le ministère des Affaires étrangères.
Parmi ces ressortissants, une étudiante algérienne, piégée dans une ville ukrainienne assiégée dont on ignore l’identité. «Tous les étudiants algériens sont partis à la frontière polonaise et je me retrouve seule dans mon appartement», raconte, d’une voix stressée et inquiète, cette ressortissante algérienne dans une vidéo postée récemment sur Facebook.
Depuis son appartement, elle entend, non sans angoisse, au loin les sirènes d’avertissement antibombardement, suivies des raids aériens russes, qui s’abattent sur la ville assiégée par l’armée russe, où des colonnes de fumée montent dans un ciel gris. Elle raconte avoir déjà tenté de joindre le consulat d’Algérie en Ukraine, via un numéro vert, pour demander de l’aide ou des conseils, en vain. «Au bout du fil, c’est un agent de sécurité qui me répond. Il m’explique qu’il n’y a personne et qu’il ne peut rien faire pour moi», a-t-elle dénoncé.
A l’instar des milliers de civils ukrainiens jetés sur les routes de l’exil, beaucoup d’Algériens vivant dans des villes assiégées par les forces russes ont fuit les bombardements et tenté de rejoindre, par leurs propres moyens, les pays voisins, notamment la Pologne. Un embouteillage géant s’allonge de jour en jour entre Lviv, principale ville de l’Ouest ukrainien, et la frontière de l’Union européenne.
Ceux qui, nombreux parmi les Algériens ont décidé de quitter ce pays en guerre, ont passé des moments éprouvants et se trouvent bloqués à la frontière polonaise, selon de nombreux témoignages.
Dans une longue file attente, au service Schengen à la frontière polonaise, un autre ressortissant algérien relate avoir fait des dizaines de kilomètres pour fuir les combats et atteindre la frontière. «Nous sommes bloqués aux services des visas Schengen de Pologne depuis 2h du matin. La file d’attente est interminable et il est impossible d’avancer», confie-t-il, bloqué à la frontière polonaise depuis plusieurs jours, transit par un froid glacial, dans une vidéo postée hier sur les réseaux sociaux.
En effet, la traversée se fait au compte-gouttes au poste-frontière, tant les files d’attente s’allongent du côté ukrainien, d’après divers témoignages.
Depuis le lancement de l’invasion russe, des accusations croissantes de racisme à l’encontre d’Africains, dont des Maghrébins, à la frontière ukrainienne se multiplient. Dès le début de l’opération militaire russe, le ministère algérien des Affaires étrangères et l’ambassade d’Algérie en Ukraine ont appelé les ressortissants algériens «à faire preuve de la plus grande prudence» et «respecter pleinement les directives et instructions de sécurité en vigueur», tout en «restant en contact permanent avec l’ambassade d’Algérie à Kiev et les missions diplomatiques algériennes à Varsovie et Bucarest pour ceux qui ont traversé les frontières ukrainiennes vers la Pologne et la Roumanie».
Plus de 10 000 étudiants provenant de pays africains, parmi lesquels de nombreux Marocains et Egyptiens, se sont retrouvés pris au piège du conflit en Ukraine, et leur rapatriement est un casse-tête pour leurs gouvernements, selon l’agence AFP, ajoutant que l’Algérie compte un millier d’étudiants en Ukraine.
De nombreux pays africains, dont le Nigeria et l’Afrique du Sud, tentent d’aider leurs ressortissants à fuir l’invasion russe en Ukraine.