La crise politique au Pakistan connaît son épilogue : Sorti de l’ombre de son frère, Shehbaz Sharif s’apprête à diriger le Pakistan

11/04/2022 mis à jour: 03:57
AFP
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Photo : D. R.

Dirigeant chevronné et sévère, Shehbaz Sharif est pressenti pour devenir le nouveau Premier ministre du Pakistan après la chute d’Imran Khan, ce qui lui permettrait de sortir pour de bon de l’ombre de son frère, Nawaz. 

Shehbaz Sharif est le frère cadet de Nawaz Sharif, qui a été trois fois Premier ministre avant d’être destitué en 2017 pour corruption présumée et emprisonné, puis libéré deux ans plus tard pour raisons médicales, et qui vit depuis en exil au Royaume-Uni. 

A 70 ans, le président de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) est lui-même un homme politique chevronné. Il a dirigé pendant des années le gouvernement de la province du Pendjab, la plus peuplée du pays et fief électoral de son parti. 

Dirigeant sévère, réputé pour ses emportements passionnés, il est connu pour citer des poèmes révolutionnaires dans ses discours et ses réunions publiques, et ses collègues le considèrent comme un bourreau de travail. 

Il avait hérité avec son frère de l’entreprise sidérurgique familiale alors qu’il était jeune homme d’affaires, avant d’être élu pour la première fois à un poste provincial en 1988. 

Dans ces fonctions, il a piloté une série de projets d’infrastructures de grande envergure, dont le premier service de métro-bus du Pakistan. 

Son penchant pour les visites surprises dans les bureaux du gouvernement, vêtu d’un costume et d’un chapeau de safari, lui a permis de tenir les fonctionnaires constamment sur le qui-vive. 

Pourtant, ses détracteurs affirment qu’il ne s’est pas attaqué aux problèmes fondamentaux de la province – notamment la réforme de la fonction publique, de la santé et de l’agriculture – et qu’il s’est surtout concentré sur des projets à visée électorale, comme la distribution d’ordinateurs portables aux étudiants ou l’offre de transport gratuit aux chômeurs.

Il a aussi été lié à des affaires de pots-de-vin et de corruption, des accusations qui, selon ses partisans, sont le fruit d’une vendetta politique de la part du Premier ministre déchu, Imran Khan. 

Libéré sous caution

En décembre 2019, l’Autorité anticorruption (NAB) a saisi près d’une vingtaine de propriétés appartenant à Shehbaz Sharif et à son fils Hamza, les accusant de blanchiment d’argent. 

Il a été arrêté et emprisonné en septembre 2020, mais libéré sous caution près de six mois plus tard en attente d’un procès toujours pas programmé. 

Contrairement à son frère aîné, dont les relations étaient tendues avec ses opposants et avec les militaires, il est considéré comme un négociateur plus souple, capable de faire des compromis même avec ses ennemis. 

L’armée est l’institution la plus puissante du Pakistan et a dirigé le pays pendant près de la moitié de son histoire, tirant les ficelles même lorsqu’elle n’est pas elle-même au pouvoir. 

«Je suis toujours resté un fervent partisan d’une coordination efficace entre Islamabad et Rawalpindi», a déclaré Shehbaz Sharif, en faisant référence à la capitale administrative et au quartier général militaire voisin. 

Il reste populaire, malgré les unes de la presse à scandale sur ses multiples mariages ou ses nombreuses propriétés immobilières, qui incluent des appartements de luxe à Londres et Dubaï. 

Son dernier mariage avec l’écrivaine Tehmina Durrani a largement mis fin aux rumeurs. Mme Durrani, une féministe dont le livre Mon Seigneur et Maître lui a valu une renommée internationale, est également créditée d’avoir amélioré le respect de Shehbaz Sharif à l’égard des femmes. 

Des défis économiques et sécuritaires difficiles à relever l’attendront s’il devient Premier ministre. 

La croissance économique stagne et les actions violentes menées par les talibans pakistanais et les groupes séparatistes du Baloutchistan sont en hausse. 

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