La crise et le Parlement

31/05/2022 mis à jour: 03:50
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Jamais la scène politique n’a été aussi figée, singulièrement au niveau du Parlement, qui est en principe le cœur de la vie publique nationale. Dans cette enceinte doit s’exercer la noble notion de séparation des pouvoirs et doit s’appliquer le contrôle sans concessions de l’activité gouvernementale, ce que fixent bien tous les textes fondamentaux.

A des moments particuliers de la vie du pays, les députés ont pu, un tant soit peu, jouer ces deux rôles durant la décennie 1990 et même lors des années Bouteflika : l’opposition n’hésitait pas à tirer à boulets rouges sur le pouvoir et il y eut de grands tribuns et de célèbres passes d’armes qui se répercutèrent y compris sur le fonctionnement de l’APN.

Parmi elles, citons les célèbres scellés mis sur la porte d’entrée pour empêcher l’accès au président de l’institution fortement contesté, ou les sorties fracassantes d’un autre titulaire du perchoir passé depuis du côté marocain.

Aujourd’hui, c’est une tout autre réalité qui se présente avec son constat et ses interrogations. L’absentéisme des députés, toutes orientations confondues, pourtant interdit par le règlement intérieur, est devenu la norme, tandis que les questions orales aux membres du gouvernement sont peu nombreuses.

Les rares questions orales qui sont posées sont d’une navrante banalité. Même les élus de l’ex-coalition présidentielle (FLN, MSP, RND et autres) ont abandonné le réflexe d’antan de réagir promptement à chaque fait et geste des autorités et de clamer ostentatoirement leur soutien.

Une seule commission d’enquête a été mise sur pied depuis les dernières élections législatives, elle concerne les pénuries de biens de consommation, et nul ne sait ce qu’ est devenu le rapport.

Hormis quelques activités protocolaires ou de circonstance, le Sénat ne fait guère mieux. Les interpellations du gouvernement, qui devaient être sa spécialité – en dehors du contrôle global des lois adoptées par la Chambre haute –, sont aussi rares qu’inefficaces.

Pourquoi donc cette régression et pourquoi cette sorte d’abandon par le Parlement de ses prérogatives ? Pourquoi l’arme redoutable que constituent les commissions d’enquête n’est que rarement utilisée alors que les dossiers ne manquent pas, à titre d’exemple les feux de forêt, les prix des transports aérien et maritime vers l’étranger, la flambée des prix, la chute du pouvoir d’achat, l’impact de la crise sur les entreprises économiques, la persistance de la bureaucratie…

Et, pourquoi pas, même des questions qui fâchent et la demande d’enquêtes sur la condition des détenus d’opinion, le recul des libertés, les nouveaux positionnements géostratégiques du pays, etc.

En réalité, si le Parlement est bloqué, c’est parce que tout le pays est en crise. Il subit les mêmes contraintes que tout le reste du pays, quant bien même c’est le premier contre-pouvoir en vertu des textes fondamentaux. Dans les pays développés démocratiques, il assume pleinement cette fonction, au grand bonheur des citoyens.

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