Ce développement place la Banque centrale européenne (BCE) dans une situation «très difficile». Une hausse de son taux directeur lors de sa prochaine réunion du 8 septembre, attendue à un demi-point de pourcentage, «soutiendrait un peu» l’euro, «mais avec le risque d’aggraver la situation économique» de la zone.
Plombé par la crise énergétique qui menace de plonger l’Europe dans la récession, l’euro s’est enfoncé avant hier, lundi 22 août, sous le seuil de la parité avec le dollar. Un niveau jamais atteint depuis l’année de sa mise en circulation un certain 1er janvier 2002.
Pris en étau entre une crise énergétique majeure en Europe et une Banque centrale américaine (Fed) toujours offensive pour juguler l’inflation, l’euro perdait 1,05% à 0,9932 dollar vers 18h15 GMT, un plus bas depuis décembre 2002, selon l’AFP.
La monnaie unique était déjà descendue une première fois sous la parité mi-juillet, a indiqué la même source. La fermeture annoncée, pour maintenance, du gazoduc Nord Stream 1, qui fournit l’essentiel du gaz russe à l’Europe, entre le 31 août et le 2 septembre, a encore accentué les craintes de pénurie sur le Vieux Continent et fait décoller les cours du gaz naturel en Europe.
Des analystes ont estimé, selon la même source, que «cela augmente le risque d’un ralentissement économique significatif d’ici la fin de l’année en zone euro et que l’évolution des prix de l’énergie et la question de l’approvisionnement sont toutes deux très préoccupantes, et c’est ce qui est derrière ce mouvement à la baisse de l’euro ».
«L’épée de Damoclès suspendue au-dessus de l’Europe est partie pour rester là», prévient-on, et la semaine menace d’être plus douloureuse encore pour l’euro, car «de mauvais indicateurs PMI mardi pourraient suffire à ancrer l’euro sous un dollar», prévient-on.
Ce développement place la Banque centrale européenne (BCE) dans une situation «très difficile». Une hausse de son taux directeur lors de sa prochaine réunion du 8 septembre, attendue à un demi-point de pourcentage, «soutiendrait un peu» l’euro, «mais avec le risque d’aggraver la situation économique» de la zone.
Et même en osant un nouveau relèvement d’un demi-point comme le prévoit le marché, après une hausse similaire en juillet, la BCE ne referait pas son retard sur la Fed, que les opérateurs voient désormais remonter une troisième fois d’affilée ses taux de 0,75 point de pourcentage en septembre.
La différence de rythme se reflète dans les taux obligataires. L’écart entre le rendement des emprunts d’Etat américains à 3 mois et ceux de l’Allemagne, pour la même échéance, était lundi au plus haut depuis près de trois ans. «Les gens s’attendent à ce que le président de la Fed (Jerome) Powell adopte un discours peut-être un peu plus offensif qu’en juillet» lors de son allocution, prévue vendredi à l’occasion de la rencontre annuelle des banquiers centraux à Jackson Hole (Wyoming).
Outre la poursuite du resserrement, le responsable pourrait insister sur «la probabilité que l’inflation reste élevée pour un moment, (...) et que les taux demeurent hauts pour quelque temps aussi», a-t-on indiqué. Après avoir tablé sur une possible baisse de taux de la Fed durant les premiers mois de 2023, le marché ne l’envisage plus qu’à la fin de l’an prochain, ce qui contribue à soutenir le dollar.
Certains analystes voient l’euro déraper encore davantage à mesure qu’arrive la saison froide en tablant sur une monnaie unique à 0,95 dollar d’ici octobre, voire en-deçà. Mais d’autres estiment, par contre, que «le dollar est déjà allé très haut et nous ne sommes pas persuadés qu’il aille beaucoup plus loin à moyen terme».