Le manque de rigueur de la part de l’administration et l’inconscience regrettable des résidents ont provoqué une hausse des cas de contamination à la Covid-19.
Après les multiples scandales ayant éclaboussé la gestion dans les Directions des œuvres universitaires (DOU), une réforme ainsi qu’une enquête ont été promises par le ministère de l’Enseignement supérieur afin de mettre un terme aux dépassements signalés. Avant même de constater sur le terrain les changements envisagés, la pandémie s’est interposée mettant à nu les conséquences d’une gestion défaillante dénoncée depuis des années.
Aujourd’hui et avec la propagation des nouveaux variants de la Covid-19, les résidences universitaires sont devenues de véritables foyers de contamination, où le protocole sanitaire est complètement bafoué. Le comportement des responsables et des étudiants, ainsi que l’état des infrastructures sont jugés déplorables.
A travers une visite guidée par un étudiant dans l’une des résidences de la wilaya de Constantine, via une vidéo, la situation était choquante. La vidéo montre des murs fissurés, des fenêtres brisées, une insalubrité flagrante, auxquels s’ajoute l’absence de l’hygiène, surtout dans les sanitaires.
Un espace propice pour la propagation de n’importe quel virus. Cela, sans oublier les comportements irresponsables des administrateurs et des étudiants. Aucun des présents ne portait la bavette et personne ne respectait les mesures barrières, dont la distanciation physique.
Nous avons également constaté des files d’attente devant le restaurant, ouvert uniquement entre 18h et 19h, où les étudiants sont collés les uns contre les autres, alors que les agents qui veillent sur l’application du protocole sanitaire sont absents. C’est un autre monde où les instructions du gouvernement ne sont pas prises au sérieux.
Nous avons également appris auprès des organisations estudiantines que le nombre des cas de contamination à la Covid-19 est très élevé au sein de ces cités U. Ce constat a été signalé, selon certaines organisations, dans de nombreuses résidences, à l’instar de celles de Skikda, Annaba, Alger et Oran.
Des regroupements dans les chambres
«Le protocole n’a été imposé qu’au début de l’année. Par la suite, il y a eu un relâchement total, y compris de la part de l’administration. Certes, l’étudiant a une part de responsabilité, mais comment lui imposer un protocole sanitaire bafoué par la direction et les travailleurs ?» dénonce Mohamed El Amine Ziouane, président du bureau de wilaya de Constantine 1 de l’Union générale des étudiants algériens (UGEA).
Et de citer l’exemple d’une dizaine d’étudiants qui se rassemblent chaque soirée dans une chambre d’une capacité de deux places sans aucune aération. Ce genre de pratiques où l’inconscience bat son plein est signalé dans plusieurs résidences. «C’est pareil aussi dans les restaurants, où à une table de 4 personnes on retrouve 10 étudiants. Il n’y a plus de sensibilisation face au nombre important des contaminations enregistrées. C’est un véritable manque de rigueur», a-t-il regretté.
Selon Nour Essalam Charif, membre du bureau national de l’UGEA chargé de l’Est algérien, la situation durant cette pandémie n’est que la conséquence d’une mauvaise gestion des cités universitaires. «Il y a des efforts déployés par l’Etat, mais ce qui est constaté sur le terrain est tout à fait le contraire, à cause de la passivité de certains responsables. Certes, il y a eu aussi des changements, à l’instar du limogeage des directeurs et autres.
Mais, ceci sans aucun suivi ni contrôle accompagnés par des décisions audacieuses de la tutelle pour assurer la continuité de ce changement. Selon les rapports parvenus à notre niveau, 90% des résidences ne tiennent pas compte du protocole sanitaire. Ce qui signifie que les instructions du ministère de tutelle ne sont pas appliquées sur le terrain», a souligné Nour Essalam Charif. Et d’affirmer que la meilleure résidence en Algérie peut être considérée comme moyenne sur le plan des conditions de vie.