La Conservation des forêts de Béjaïa dresse un premier bilan : Plus de 18 000 ha de couvert végétal partis en fumée

29/07/2023 mis à jour: 18:16
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Les services de la Conservation des forêts de Béjaïa sont toujours en état d’alerte (photo : el watan)

Selon le bilan de la Conservation des forêts (CF), les derniers incendies ayant affecté la région de Béjaïa ont parcouru, en quatre jours, plus de 18 000 ha de couvert végétal. Soit 5000 ha de plus par rapport au décompte effectué lors du sinistre de 2021 (13 000 ha) dans la même wilaya. 

Violentes et rapides, les flammes, n’ont épargné ni la vie humaine, ni celle des animaux et encore moins les chaumières se trouvant sur leur trajectoire. La CF de Béjaïa a fait état de 17 communes touchées par les feux, décimant plus de 3500 ha d’arbres fruitiers, 8000 ha de broussailles, 3000 ha de forêts et autant de maquis. 

Les dégâts ont été enregistrés surtout sur des terrains privés, avec plus 10 000 ha de champs brûlés, ce qui explique autant de pertes humaines et de biens chez les particuliers, alors que le domaine forestier national perd encore cette année plus de 4000 ha. Selon Chanoune El Hachemi, inspecteur des forêts et chargé de la communication de la Conservation des forêts de Béjaïa, «la CF est intervenue depuis le début de la campagne sur pas moins de 80 départs de feux pour empêcher leur propagation». 

Cependant, rappelle-t-il, «la campagne de prévention et de lutte contre les feux de forêt n’est pas encore terminée, ce qui implique que nos services sont toujours en état d’alerte. Les moyens humains et matériels dont dispose la CF sont mobilisés, et ce, depuis le début de la campagne». 

Ainsi, les 16 postes de vigile, relevant de la CF, et émaillant essentiellement les zones à risque ont signalé du 23 au 25 juillet, pas moins de 20 départs de feu déclenchés simultanément, notamment, lors de la fatidique journée de dimanche, précise le forestier. En plus de l’incendie destructeur qui a démarré de Beni K'sila, rasant une partie du littoral ouest, l’autre important foyer n’est autre que celui Bourbatache, dans le territoire de Fenaïa Ilmaten. 

Pour la CF, une enquête est toujours en cours pour déterminer les causes exactes de tous les incendies, y compris celui-ci, qui a parcouru 7000 ha dans le territoire de Fenaïa Ilmaten et d’El Kseur avant d’atteindre les maquis de la localité de Toudja. La propagation rapide des flammes a été favorisée par des températures extrêmes et des vents violents, selon Chanoune El Hachemi, rendant l’intervention aérienne impossible durant ce premier jour.

Néanmoins, selon des témoignages que nous avons cueillis sur le terrain, la cause de l’incendie de Bourbatache est «d’origine accidentelle», pour avoir démarré d’un dépotoir d’ordures. «La première flamme est partie de la problématique décharge des ordures dont l’existence a été imposée au cœur de ce domaine forestier sensible», témoigne-t-on. 

Malgré la dotation de cet équipement d’un gardien et d’une citerne, il y a quelques années sur recommandation des forestiers, cela n’a pas empêché, dans ces conditions météorologiques inédites, l’avènement de ce sinistre. Avec les grands changements climatiques que connaissent les pays du bassin méditerranéen, dont l’Algérie, il sera primordial de doter les services concernés par la lutte anti-incendie, de davantage moyens humains et matériels pour rendre leur action plus efficace.

 A titre d’exemple, on peut lire dans un document officiel, rendu public en 2022, que la CF de Béjaïa dispose de 155 hommes, 16 postes de vigiles, 16 CCFL et deux camions-citernes. Dans ce sens, il n'est pas aisé de déduire qu’en cas de situation extrême, ce lot de moyens ne suffira pas pour couvrir et protéger les 118 436 ha du patrimoine forestier local. 
 

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