Flywestaf est une compagnie aérienne low-cost qui se propose de desservir les villes du sud du pays et certaines capitales européennes à des prix qui défient toute concurrence.
Le nouveau paysage du transport aérien est-il sur le point de se mettre en place par petites touches ? Tout porte à le croire. Plusieurs éléments le laissent penser en tout cas. Même si, il faut le préciser, les dirigeants traitent ce dossier avec beaucoup de prudence et que les choses n’ont pas vraiment évolué sur le terrain.
La compagnie Fly Westaf, qui a opté pour le modèle low cost, informe dans un communiqué de presse du 26 janvier 2022, «ses actionnaires et le public sur son incorporation au registre du commerce» en Algérie. Elle se présente comme «la première compagnie aérienne de transport de passagers et de marchandises à bas coûts en Algérie».
Selon des informations largement diffusées sur les réseaux sociaux, «dans une première phase, des vols seront lancés depuis les aéroports d’Alger, d’Oran et de Annaba vers Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Montpellier, Barcelone et Alicante. Le prix d’un billet aller-retour sera dans un premier temps d’environ 200 euros, puis il diminuera avec le temps». Il est question que cette compagnie desservira aussi les villes du sud du pays à des prix très concurrentiels. Fondée par Chakib Ziani Cherif, un pilote de ligne algérien expérimenté, et Richard Powell expert international, Fly Westaf affiche ainsi clairement son ambition de bousculer la concurrence. A partir de quand démarrera-t-elle ses activités ?
Des sources, bien au fait au sein du ministère des Transports, informent qu’il n’existe pour l’heure aucune déclaration ou décision laissant entrevoir un début imminent. L’entreprise attend toujours son agrément définitif pour l’acquisition des appareils et la programmation des vols. Plusieurs autres étapes restent à franchir avant de se présenter sur la piste pour le décollage (autorisations de la direction de l’aviation civile et réservation des créneaux).
Nouveau modèle économique
Une chose est certaine, l’arrivée en Algérie de cette compagnie va contribuer à faire évoluer le marché. Le modèle économique du low cost aérien sera profitable surtout sur le réseau domestique. Il prend sa source dans une redéfinition des besoins du consommateur dans le sens du minimalisme : l’acte de transport aérien est en quelque sorte dépouillé de tous ses attributs annexes (repas à bord, garantie d’une correspondance) et réduit à sa fonctionnalité première, celle de transporter une personne en toute sécurité d’un point A à un point B.
Le premier effet de l’entrée du low cost sur une ligne est une baisse du prix du billet par rapport à la situation qui prévalait auparavant : cet effet provient de la diminution drastique des coûts de production. Mais, au-delà de cet effet direct, l’entrée du low cost sur une ligne déjà assurée par un major fait également diminuer le prix des billets des concurrents. Il faut savoir que le low cost utilise aussi un système de distribution simplifié en essayant d’éviter au maximum les intermédiaires : vente directe ou utilisation d’internet par exemple.
Aissa Bekkai, ministre des Transports, a annoncé le 2 novembre 2021 que ses services ont donné leur accord de principe pour neuf dossiers «algériens, étrangers ou mixtes» de création de compagnies aériennes privées. Cependant, aucune précision n’a été dévoilée sur les créateurs et investisseurs de ces futurs transporteurs, ni si les dossiers incluaient celui de la nouvelle low cost Fly Westaf.
Au-delà des décisions prises, les experts du secteur aérien indiquent qu’il faut que le gouvernement définisse une véritable stratégie nationale du transport aérien portée par une vision, celle d’assurer un développement durable d’un transport aérien performant au niveau national et mondial et un outil de connectivité pour chacun des territoires desservis. En plus du gain de pouvoir d’achat pour les clients existants, l’ouverture du secteur du transport aérien aux compagnies privées entraîne aussi une augmentation de la taille du marché.
Cette ouverture du ciel permettrait également, d’après les experts, à l’Algérie d’accueillir de plus importants flux de touristes, de dynamiser les aéroports abandonnés, de désenclaver les régions de l’intérieur (Sud et Hauts-Plateaux) et créer des emplois.
Cette ouverture mettra fin au monopole d’Air Algérie. Seule Tassili Airlines lui dispute un peu une partie du ciel algérien, la filiale de Sonatrach étant centrée surtout sur la desserte des installations pétrolières du groupe.
A ce propos, le ministre des Transports n’a cessé de rappeler dans ses discours la nécessité pour la compagnie publique Air Algérie «d’améliorer les performances et les services fournis à ses clients» pour rester concurrentielle.