La crise de logement a longtemps hanté l’esprit de tout Algérien. La concentration de la population dans les grandes villes a encouragé l’expansion de l’habitat précaire. C’est une suite logique qui découle de la centralisation de la politique de développement social et économique du pays.
Dans ce contexte, la capitale détient le quasi-monopole des infrastructures de base essentielles au bien-être du citoyen. La vie culturelle, les soins de qualité, l’emploi et l’administration générale sont autant de secteurs névralgiques réunis dans la seule ville d’Alger. Même les importateurs de l’intérieur du pays préfèrent transiter leurs marchandises à partir du port de la capitale.
La décennie noire a fini par aggraver l’exode rural en faisant fuir des milliers de citoyens inquiets pour leur sécurité. Leurs points de chute improvisés se transforment alors en véritables bidonvilles, qui vont allonger la liste des demandeurs de logements. Il n’est pas évident que tous les occupants de l’habitat précaire décrochent le sésame.
Le parcours est semé d'embûches tant les convoitises sont énormes. Tous les moyens sont bons pour figurer sur la liste des bénéficiaires, y compris les plus viles actions.
L’administration profite de l’occasion en contrepartie d’une complaisance largement «récompensée». De son côté, l’Etat acculé par une demande sociale cruciale se lance dans des programmes de construction sans fin. Dans la précipitation, la quantité prime sur la qualité. Une aubaine qui s’offre alors aux promoteurs peu scrupuleux des normes d’urbanisme et de réalisation de chantiers. Dans plusieurs cas, la déception est grande chez les bénéficiaires courroucés par les malfaçons constatées dans leurs nouvelles habitations.
Pour les passe-droits introduits par une administration accommodante, ils sont nombreux à ne pas rejoindre leurs logements, tant ils ne sont pas réellement dans le besoin, tandis que d’autres se lancent déjà dans la location de leurs biens. Les récentes révélations publiques des walis d’Oran et de Saïda font foi de cette tendance malsaine. C’est dire que la forte demande de logement ne reflète pas le besoin réel, mais profite, en grande partie, aux spéculateurs de l’immobilier.
Un contrôle plus rigoureux doit être instauré dans toute opération immobilière, en amont et en aval, pour protéger le droit au toit à celui qui le mérite vraiment. L’assainissement des listes permettra, à coup sûr, de soustraire du circuit de la spéculation des centaines de milliers d’appartements détournés.
«L’économie» de ces unités récupérées réduira sensiblement la tension persistante dans ce secteur. Dans ce contexte, il y a lieu de rappeler l’énorme retard qui bloque l’opération de la mise en conformité des habitations lancée en 2008 sous la loi 08-15. Le poids de la bureaucratie gèle des millions de ces habitations capables d’inonder le marché de l’immobilier en statuant définitivement sur leurs cas.
La lutte contre ce fléau tentaculaire des lenteurs administratives entreprise par le président de la République a encore tout un parcours de défis à gagner.