L’association musicale Dar El Gharnatia de Koléa fête son cinquantenaire. Un demi-siècle d’existence vient d’être immortalisé dans un ouvrage de 600 pages. L’initiative est louable. L’association Dar El Gharnatia de Koléa s’est imposée à l’échelle nationale.
Elle a également participé et représenté notre pays dans les manifestations culturelles musicales internationales au niveau de plusieurs pays à travers les 4 continents, l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Amérique.
Le fruit de son labeur durant des années a incité les mélomanes nationaux et internationaux à solliciter cette association, qui n’a pas cessé de peaufiner son image et améliorer la qualité artistique de son répertoire, des atouts pour faire découvrir au monde entier la qualité et la richesse du patrimoine musical andalou. Hadj Boualem Kherrous est à la tête de cette Association musicale depuis 2006. Il fallait oser pour créer une Association dans les années 70 en Algérie.
Il fallait aussi avoir l’envergure et la perspicacité de la personnalité de Mahieddine Bellouti et de ses complices, qui avaient quitté les rangs de la JFLN (Jeunesse du Front de Libération Nationale), afin de faire naître leur propre Association, et se libérer du diktat de l’idéologie du parti unique. Les jeunes n’étaient pas préparés.
Le décès de Hadj Bellouti Mahieddine, la locomotive, aura perturbé les démarches des responsables de Dar El Gharnatia.
Fayçal Mazouni et ensuite Labri Nordine se sont succédé à la tête de l’Association pour permettre à la flamme de la jeunesse de Koléa de briller, avant que les membres ne décident de désigner, l’un des membres fondateurs, Hadj Kherrous Boualem, au poste de président. Les objectifs initiaux définis par dans la feuille de route par les membres fondateurs n’avaient pas changé.
Il fallait dénicher un intellectuel hors pair, en l’occurrence Cheikh Annani, fervent défenseur de la culture au pluriel, adepte de la musique andalouse, grâce à ses démarches auprès des autorités communales, avait permis à cette Association d’acquérir conformément à la réglementation, d’une magnifique infrastructure ; une ancienne école abandonnée, qui nécessitait néanmoins des travaux de réhabilitation et d’aménagement ; afin de pouvoir réunir les élèves, de surcroît créer une environnement éducatif pour les enfants de l’Association, qui sont mobilisés à ce jour à réviser leurs leçons d’une part et d’autre part appendre la musique à travers les cours dispensés par les professeurs de musique.
Le siège de Dar El Gharnatia s’est transformé en une ruche de musiciens en herbe. Une bibliothèque a été aussi aménagée à l’intérieur du siège.
L’ouvrage volumineux inédit édité au mois d’avril 2022 par Dar El Gharnatia de Koléa à l’occasion de son cinquantenaire constitue un patrimoine inégalable à ce jour pour une association locale, d’autant plus que la célébration du mois du patrimoine en Algérie a mis l’accent sur le patrimoine immatériel.
Hadj Kherrous Boualem est entouré d’un encadrement administratif et pédagogique volontaire et imprégné par les années de labeur, pourvu d’un capital d’expérience, magnifiquement entretenu, grâce à la sagesse de cet encadrement exceptionnel. L’ouvrage de Dar E Gharnatia s’articule sur une multitude de chapitres et de très nombreuses photos qui parlent.
L’Histoire de la ville de Koléa, l’historique de l’Association, ses participations nationales et internationales aux événements musicaux, ses organisations des rendez-vous culturels nationaux et maghrébins à Koléa, la production d’une vingtaine de CD consacrés aux différents styles de musique andalouse, du haouzi et du medh, la production d’une trentaine de DVD consacrés aux éditions de koléandalouse et les sorties internationales de la troupe de Dar El Gharnatia.
Les hautes autorités du pays, depuis des années, invitent l’association Dar El Gharnatia à se produire en l’honneur des hautes autorités politiques des pays amis, un hommage aux amis de l’Association, le maestro incontournable Mohamed Chérif Saoudi est mis à l’honneur, à l’instar de tous les enseignants des différentes classes de l’Association, le palmarès, sont autant de chapitres qui relatent la vie de Dar El Gharnatia durant cinquante années d’activités, Association devenue un modèle de réussite.
Il suffit de voir le parcours de ses anciens élèves, filles et garçons, des grands-parents à présent, qui manifestent leur attachement à ce jour à leur Association. Le cordon ombilical n’est pas rompu avec cette école.
C’est un exemple de réussite sociale et professionnelle qui inspirent les élèves actuels. Interrogé par nos soins sur ce succès de l’Association, le président Hadj Boualem Kherrous déclare : «Il faut être patient, accepter les critiques, savoir écouter les membres qui encadrent nos élèves et les parents de nos élèves, éviter les précipitations quand il s’agit de prendre les mesures dans les moments difficiles, faire régner le respect, la discipline et la concorde au sein de l’Association, en qualité de premier responsable, je défends mes idées et mes projets dans l’intérêt de l’Association, en présentant des arguments.
Les gens ont tendance à penser que l’art musical andalou est une musique de riches, c’est faux, enfin je tiens à remercier les autorités locales de Koléa et de la wilaya de Tipasa, les responsables du ministère de la Culture et nos partenaires et opérateurs économiques pour leur soutien, sans ces personnes que je viens de citer, il nous aurait été impossible de travailler et de produire cet ouvrage de 600 pages, une mention spéciale pour notre infographe Labri.
J’insiste une fois de plus sur le sérieux de mes compagnons du bureau de l’Association pour leurs sacrifices et enfin j’encourage l’assiduité de nos élèves dans l’apprentissage, avec l’espoir de voire d’autres jeunes de notre Dar El Gharnatia émerger à la tête de l’Association pour perpétuer notre devise, le travail uniquement, pour protéger le patrimoine musical andalou, dans une atmosphère saine.»