Il n’avait pas tort quand le défunt vice-président de l’APC de Koléa, Cheikh Slimane Annani, alors inspecteur général de l’Education nationale, quand il avait décidé, le 7 mars 1974, de céder une école primaire désaffectée située au centre-ville à l’association musicale Dar El Gharnatia dirigée par le défunt président Bellouti, un mélomane et éducateur dynamique.
Dans sa ville, Koléa, avec un groupe d’amis passionnés de musique andalouse et châabie, le défunt Bellouti a créé son association musicale le 7 mars 1972. Aujourd’hui, l’association musicale Dar El Gharnatia est structurée. Hadj Kherrous, membre fondateur qui a succédé à Bellouti, est le président depuis des décennies. Il se démène pour célébrer le cinquantenaire de l’association Dar El Gharnatia, prévue le 7 mars 2022.
Il s’est heurté à moult entraves et une fuite en avant des responsables. En dépit des démarches entreprises par les dirigeants de Dar El Gharnatia, aucun responsable n’a daigné autoriser Dar El Gharnatia à occuper la salle pour fêter son 50e anniversaire, et exécuter le programme conçu pour cette occasion.
Naturellement, la crise sanitaire aura été le meilleur prétexte pour justifier le refus. Le programme devait s’articuler sur deux soirées. L’une à Alger et la seconde soirée devait se dérouler à Koléa ou Tipasa, chef-lieu de wilaya. Pour cet anniversaire, l’Association Dar El Gharnatia avait invité une troupe musicale féminine tunisienne de Sfax. Les gestionnaires de Dar El Gharnatia de Koléa ambitionnaient de faire découvrir son capital expérience dans le domaine de la musique andalouse à travers les trois écoles, El-Gharnati, Essanâa et El Malouf.
L’encadrement musical et pédagogique dévoilera les différentes activités qui rythment les quotidiens de leur association depuis un demi-siècle, en matière de formation, d’organisation des événements nationaux et maghrébins en Algérie et enfin ses participations lors des multiples manifestations culturelles et musicales dans plus d’une vingtaine de pays dans le monde.
La dernière représentation hors de l’Algérie avait eu lieu à Dubaï. Dar El Gharnatia, un label et un ambassadeur reconnu par les hautes autorités du pays, les chouyoukh et les mélomanes. L’architecture arabo-mauresque du siège de l’Association Dar El Gharnatia, malgré les travaux d’aménagement et de confortement, avait été préservée volontairement.
Le siège s’est transformé en une véritable ruche qui accueille les jeunes filles et garçons dans une atmosphère saine, afin de leur faire bénéficier d’une variété de formation pour se familiariser et apprendre à maîtriser les instruments de musique, tels que le piano, le oûd, le violon, la contrebasse, le qanoun, la derbouka, le tar, la guitare, la flûte, en plus du solfège. Une bibliothèque avait été créée au sein du siège.
A présent, Dar El Gharnatia compte 180 élèves. L’Association comprend plusieurs classes, en l’occurrence l’initiation, l’élémentaire, la moyenne A et la moyenne B, et enfin la supérieure. Les portes du siège de l’association sont ouvertes tous les jours de la semaine, en raison de la mobilisation générale. Le directeur artistique, Mohamed Chérif Saoudi, un véritable maestro, ingénieur de formation, veille au moindre son musical produit par chaque instrument, pour inculquer la perfection à ses élèves.
Le fait marquant pour la célébration de son cinquantenaire, Dar-El-Gharnati vient d’éditer un livre de 600 pages, qui retrace le riche parcours de cette association qui n’a pas baissé les bras, en dépit des années tragiques vécues dans la région. L’infographie de cette œuvre littéraire et historique a été assurée avec brio par le talentueux Labri Nassim, un enfant de l’association. Chaque élève de l’association devra payer annuellement une cotisation de 2000 DA.
Des sponsors étatiques et opérateurs publics et privés avaient soutenu l’association Dar El Gharnatia dans son labeur. Des dizaines de milliers d’élèves étaient passés par les classes de cette association musicale de Koléa. Les anciens pensionnaires sont devenus aujourd’hui des grands-mères et des grands-pères. Ils ont constitué des familles de fervents mélomanes aujourd’hui.
Les dirigeants de l’association, usés par des décennies de mobilisation pour accueillir, encadrer, éduquer et former les élèves, souhaitent aujourd’hui remettre le flambeau à la jeune génération. Ils espèrent obtenir des aides et des facilitations pour célébrer le cinquantenaire de Dar El Gharnatia dignement. «Si nous pu résister à ce jour depuis la création de notre association en 1972, nous dira Hadj Kherrous Boualem, le président, c’est parce que nous croyons fermement à ce patrimoine musical universel, qui a bercé, de surcroît, plusieurs générations. Je vous avoue que ce n’est pas facile de résister durant un demi-siècle pour faire fonctionner notre association.
Aujourd’hui, les mentalités et les gens ont changé, à notre âge, il est temps pour d’autres personnes de l’association de prendre le relai pour perpétuer cet art musical dans l’intérêt de la préservation de notre patrimoine immatériel», conclut le président de Dar El Gharnatia. Il n’en demeure pas moins, qu’en Algérie, il est quasiment impossible de voir des personnes rester à la tête d’une association culturelle et musicale durant 50 années. Labri Nordine, un universitaire et conférencier, ayant adhéré à Dar El Gharnatia depuis 1976, déclare à son tour, «quand je m’arrête un instant pour visionner la rétrospective de notre association, franchement je me rends compte de l’importance du parcours et l’Histoire de Dar El Gharnatia ajoute-t-il.
Ma pensée en cet anniversaire va vers nos aînés qui ont quitté ce bas monde. Maintenant, je pense qu’il est temps de consacrer le reste de notre vie à la paix et la méditation, tout en apportant notre soutien aux jeunes », conclut Nordine Labri.
Le premier ministre, Aymane Abderrahmane, a pu apprécier le talent des musiciennes et musiciens de l’orchestre de Dar El Gharnatia lors de la dernière exposition universelle qui s’est déroulée au E.A.U. Une consécration pour cette association qui lutte pour sa survie depuis 50 ans.
Une discussion entamée avec le président turc Erdogan et le président Tebboune, à l’issue de leur prestation musicale