L’exutoire de la station de lagunage des eaux usées (STEP), sise à Kef Doukhan dans la commune d’El Ateuf (wilaya de Ghardaïa), est devenu un véritable réservoir de la biodiversité et un écosystème aquatique, refuge pour une population avifaune migratrice, ont constaté hier des responsables locaux du secteur des forêts.
Cette zone aquatique d’une superficie de près de 100 hectares composée d’équipements de traitement des eaux usées basés principalement sur un processus biologique naturel sans mécanisation, ni apport chimique au moyen de lagunage, a permis la création d’une zone humide artificielle qui abrite aujourd’hui de nombreuses espèces avifaunes, une flore dense ainsi qu’une faune variée, a-t-on indiqué à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale des zones humides sous le thème «Les zones humides, sources de bien-être humain».
Cette station de lagunage est devenue un site majeur pour de nombreuses espèces d’oiseaux aquatiques (canard souchet, fuligule milouin et nyroca, poule d’eau, tadorne) qui bénéficient de l’abondance de zooplancton engendrée par cette technique naturelle de traitement des eaux usées, estime le conservateur des forêts de Ghardaia, Mohamed Salah Lafdal.
Cette zone aquatique constitue depuis sa création «une halte incontournable de nidification et un site d’hivernage pour les oiseaux migrateurs sur l’axe migratoire entre l’Afrique et l’Europe», ainsi qu’un milieu de reproduction pour les amphibiens et autres espèces d’insectes (libellules), selon le même responsable.
Composée de 16 bassins de décantation sur plus de 60 ha, qui recyclent les eaux usées avant d’être déversées dans un cours d’eau naturel sur plus de 5 km, cette station de lagunage est devenue une zone humide artificielle à forte valeur de «biodiversité», de préservation et de stabilité de l’écologique de la région, a-t-il précisé.
De plus, l’extension de la végétation sur les berges du cours d’eau du ruissellement des eaux épurées constitue un facteur propice pour la nidification et le stationnement en période migratoire des oiseaux nicheurs. La végétation spontanée et dense sur le pourtour de la station de lagunage constitue un lieu privilégié de pâturage pour les troupeaux ovins, caprins et camelins, des habitants de la zone d’El Ateuf.
Ce projet de station d’épuration par lagunage est considéré comme une réussite dans le sens où il a permis de créer une zone humide artificielle à forte valeur «biodiversité», dans la vallée du M’zab, a noté le conservateur des forêts de Ghardaïa.
Les zones humides artificielles créées dans la wilaya de Ghardaïa à la faveur d’un programme de traitement des eaux usées, de préservation de l’environnement et des ressources hydriques constituées essentiellement de stations d’épuration des eaux usées (STEP) de Kef Dokhan (exutoire de l’oued M’zab) à El Ateuf, et celles de Berriane et de Guerrara ainsi que les rejets de Metlili (El Gaada), de Zelfana (Gouifla) et de Oued N’Chou, disposent d’une biodiversité importante et abritent une variété d’espèces d’oiseaux migrateurs dont une partie inscrite sur la liste des oiseaux menacés, élaborée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Ces sites aquatiques artificiels sont devenus un milieu de reproduction de la population avifaune, favorisé par le gardiennage et l’éloignement des zones urbaines. Ils recèlent des potentialités susceptibles de promouvoir un tourisme écologique et de devenir également un véritable laboratoire à ciel ouvert pour les scientifiques et autres biologistes.
La présence d’oiseaux est un bon indicateur de l’état de la biodiversité locale, malgré les canicules et les tempêtes de sable que connaît la région de Ghardaïa durant plus de trois mois dans l’année, signale-t-on.