Pour la première fois, un ministre de l’après-2019 se retrouve au centre d’une affaire de corruption, qui lui a valu la mise en détention. Il s’agit de Nassim Diafat, ex-ministre délégué chargé de la Micro-entreprise, qui avait rejoint le gouvernement de Abdelaziz Djerad le 2 janvier 2020 avant de le quitter le 8 septembre 2022, sous Aïmene Benabderrahmane.
Jeudi dernier, son nom a fait le tour des rédactions après sa présentation devant le pôle pénal économique et financier, près le tribunal de Sidi M’hamed, à Alger, avec plus d’une trentaine d’autres personnes dont des membres de sa famille, Mokhtar Tayane, PDG d’Alrim (Algérienne de réalisation d’infrastructures et d’équipements métalliques) une des filiales appartenant au groupe public industriel Imetal et plusieurs de ses cadres.
Les auditions s’étaient poursuivies durant toute la journée du jeudi pour se terminer très tard, avec l’inculpation, pour des faits en lien avec la corruption, et la mise sous mandat de dépôt de l’ex-ministre, du PDG d’Alrim et de cinq autres cadres. Plus d’une dizaine de mis en cause ont été, quant à eux, placés sous contrôle judiciaire, dont l’épouse de l’ex-ministre et ses deux frères.
Selon des sources judiciaires, Nassim Diafat, âgé de 40 ans, membre fondateur de la Fédération des jeunes entrepreneurs, est soupçonné d’avoir «abusé de son poste» de ministre, et «usé de trafic d’influence» pour faire bénéficier les membres de sa famille «d’indus avantages», liés «aux contrats obtenus» par ces derniers auprès d’Alrim.
C’est la seconde fois que le groupe des industries métallurgiques et sidérurgiques Imetal est éclaboussé par des présumés affaires de corruption.
Inculpation de cadres d’Imetal
Le 13 mars dernier, 22 personnes, parmi lesquelles des responsables d’Imetal, Sider El Hadjar et l’ENR (Entreprise nationale de récupération), ainsi que des cadres syndicaux, ont été inculpées par le magistrat instructeur près le pôle pénal financier et économique de Sidi M’hamed, pour des présumés faits liés à la corruption dont «dilapidation de deniers publics», «conclusion de transactions et de contrats en violation de la législation y afférente», «octroi d’indus-privilèges à des tiers» ayant engendré, avait précisé, dans un communiqué, le parquet d’Alger «une baisse du rendement des groupes susmentionnés à cause des arrêts récurrents de la production et une dégradation des installations et des équipements».
Les cinq prévenus ont été donc placés sous mandat de dépôt dont les PDG des groupes Imetal et Sider El Hadjar, le secrétaire du syndicat de la wilaya de Annaba, le directeur de l’administration générale de Sider El Hadjar et le directeur de l’unité de Annaba de l’ENR. Le autres prévenus ont été placés sous contrôle judiciaire.
L’affaire est toujours en instruction et risque de connaître de nouveaux rebondissements dans les jours à venir en raison de l’avancée de l’enquête judiciaire, sur ce qui s’apparence à «un gros scandale» qui entraînera inévitablement de grosses pointures à Annaba et à Alger, jusque-là protégées par la loi de l’omerta et les privilèges de protection.