La Commission ministérielle de la fatwa du ministère des Affaires religieuses et des Wakfs a rendu public hier un communiqué portant sur des questions liées à l’observance du jeûne durant le mois sacré de Ramadhan.
Cet organe sous tutelle a ainsi appelé les jeûneurs «à apprendre la jurisprudence du jeûne selon le référent religieux national et à se référer aux muftis expérimentés en matière de charia et de fatwa, notamment en ce qui concerne la dispense du jeûne pour les malades, les femmes enceintes, les personnes âgées et les personnes ayant des excuses légales».
Lors d’une réunion périodique tenue jeudi à Alger et présidée par le ministre de tutelle, Youcef Belmehdi, la commission a souligné la nécessité de «veiller à consacrer l’esprit de ce mois sacré et à bien l’accueillir, en ce sens qu’il incarne, avant tout, pour les musulmans, un effort spirituel et un acte de foi à travers le jeûne, la prière et le comportement », a indiqué le communiqué.
Ladite commission a également rappelé que le principe dans le fiqh (jurisprudence) est fondé sur la complémentarité entre la perception religieuse du jeûne et l’expertise médicale, «ce qui impose aux personnes ayant des excuses légales d’éviter toute démarche pouvant leur porter préjudice», lit-on dans le communiqué publié sur le site du ministère des Affaires religieuses.
Aussi, la commission a rappelé l’importance de «faire montre de haute moralité, en répandant les valeurs de fraternité, de miséricorde, d’entraide et de solidarité», tout en évitant «le gaspillage», sous toutes ses formes.
«Recadrage»
Elle a également mis l’accent sur le respect des horaires du jeûne fixés selon le calendrier officiel établi par le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, en particulier les horaires d’as-sobh (lever du soleil) et du maghreb (coucher du soleil). La commission a par ailleurs affirmé «la licéité de donner zakat Al-Fitr en espèces dans l’intérêt des pauvres».
Ce «recadrage» de la part de la commission, à la veille du mois sacré, s’avère ainsi nécessaire au vu de la profusion de nouvelles injonctions religieuses émises par une faune de «prédicateurs» dont les messages sont relayés en continu sur les réseaux sociaux et des chaînes TV satellitaires.
Des injonctions qui exercent, de plus en plus, une forte influence sur une partie de la population. Des fatwas à profusion sont émises et légitimées par ces mêmes «prédicateurs» et dont l’impact est encore plus fort sur le Net auquel se connectent des millions d’utilisateurs en Algérie. Singulièrement durant le mois du jeûne.
Rappelons que M. Belmehdi a annoncé, jeudi, la réactivation du mécanisme de la fatwa qui «relève du travail et de la compétence du ministère, conformément aux décrets et lois en vigueur».
Il a indiqué, dans ce contexte, que pour répondre «à la forte demande de fatwa en présentiel, par téléphone ou via les différents réseaux sociaux, il a été procédé à l’installation de 38 imams muftis à travers les différentes wilayas, ainsi que des conseils scientifiques de wilaya et de bureaux de la fatwa au niveau des directions relevant du secteur».
Il a aussi fait savoir qu’un bureau de la fatwa est également installé au niveau du siège du ministère, en plus de la commission ministérielle de la fatwa qui regroupe les membres du Haut Conseil islamique (HCI) et de Djamaâ El Djazaïr, d’experts et de spécialistes.
Le ministère des Affaires religieuses lancera prochainement une nouvelle application «Fatwa houdourian» (la fatwa en présentiel) où le mufti sera présent pour interagir en live avec le demandeur de la fatwa, appelant les citoyens «à consulter les institutions religieuses de jurisprudence pour résoudre leurs problèmes, conformément à notre référence religieuse modérée».