Le Théâtre national algérien (TNA) a organisé samedi à Alger une conférence consacrée au parcours militant et révolutionnaire du chahid Docteur Abdeslam Ben Badis, l’un des intellectuels algériens qui ont lutté dans les rangs du Front de libération nationale (FLN) et se sont engagés dans l’action révolutionnaire contre l’occupant français.
La salle Mustapha Kateb du TNA Mahieddine Bachetarzi a accueilli le lancement du programme de commémoration de la Journée nationale du chahid (18 février), en présence de la veuve du regretté président Houari Boumediène, Anissa Boumediène, avec la participation du chercheur en histoire contemporaine de l’Algérie, Riad Cherouana, qui a passé en revue «des jalons de la carrière de l’ophtalmologue Abdeslam Ben Badis» mettant en lumière les qualité du chahid, son esprit nationaliste et son rôle d’intellectuel qui a contribué à la glorieuse Révolution.
M. Cherouanaa indiqué que le chahid Abdeslam Ben Badis, né le 27 janvier 1923 et tombé au champ d’honneur le 13 juin 1960, avait choisi la lutte armée et rejoint les rangs des révolutionnaires bien qu’il fût l’un des ophtalmologues les plus éminents de son époque».
Cette conférence a été présentée à la lumière d’un ouvrage coécrit par le Pr. Cherouana et son collègue de recherche Allaoua Amara, intitulé De l’université de Paris à Cossias : documents et témoignages sur le parcours académique et révolutionnaire du Chahid Dr Lakhder Abdeslam Ben Badis, publié par le ministère des Moudjahidine et des Ayants-droit dans le cadre du programme du 60e anniversaire de l’indépendance.
M. Cherouana a, par ailleurs, affirmé que la bibliothèque algérienne nécessite un enrichissement notamment en ce qui concerne les documents académiques relatifs au rôle des médecins algériens durant la Guerre de libération nationale. Neveu de l’érudit Abdelhamid Ben Badis, le chahid Abdeslam Ben Badis a fait ses études des cycles primaire et moyen à Constantine où il a obtenu son baccalauréat en 1941. Il s’est ensuite rendu à Alger pour poursuivre ses études en médecine et pharmacie avant d’aller à Paris pour rejoindre la faculté de médecine de 1945 à 1954.
Durant son parcours scientifique, a-t-il poursuivi, le chahid a toujours été brillant ce qui lui a valu de figurer parmi les meilleurs ophtalmologues et spécialistes du traitement des pathologies de la cornée. Installé à son compte, il adhérait, en même temps et secrètement, au système révolutionnaire jusqu’à ce qu’il exprime explicitement sa volonté de rejoindre les rangs des moudjahidine dans le champ de bataille, exerçant en tant que médecin dans la wilaya II.
M. Cherouana a également fait savoir que le choix qu’avait fait le médecin lui a coûté des poursuites par la police coloniale qui avait découvert ses liens avec le FLN et son engagement à la Révolution, jusqu’à son incarcération dans différents camps, le dernier étant celui d’El Djorf, outre les pratiques odieuses qu’il avait subies et avait réussi à documenter.
Pour M. Cherouana, le martyr Abdeslam Ben Badis fut un homme courageux et avisé qui, grâce à sa perspicacité, avait réussi à s’enfuir du camp d’El Djorf le 10 janvier 1959 pour rejoindre le maquis dans la wilaya I et remplacer Dr Mahmoud Athamna qui était le premier responsable du secteur de la santé dans cette wilaya. Le chahid Abdeslam Ben Badis est tombé au champ d’honneur en essayant de franchir les lignes Challe et Morice en partance pour la Tunisie afin d’y recevoir des soins, a-t-il conclu.