Journée d’étude sur les structures sociales dans l’œuvre de Mammeri : «Tajmaât est une institution de légitimation et de délibération»

03/03/2024 mis à jour: 02:17
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Photo : D. R.

Des enseignants-chercheurs de l’université de Tizi Ouzou ont revisité, mardi, l’œuvre de l’écrivain et anthropologue, Mouloud Mammeri, à l’occasion d’une journée d’étude organisée, mardi,  sur «les structures sociales dans l’œuvre de Mammeri : le cas de Tajmaât (assemblée de village)» à la maison de la culture qui porte le nom de l’auteur de La Traversée.

Le professeur Azeddine Kenzi a souligné  que  Dda  Lmulud  est le précurseur de l’anthropologie  amazighe du soi ou de la proximité. Il a abordé les structures sociales en 1938 à travers son travail sur la «Société berbère» dans lequel il a écrit que «la société berbère persiste, mais ne résiste pas». «Selon Dda Lmulud, la société berbère est toujours dynamique dans son rapport avec les civilisations et même au niveau interne.

«Dda Lmulud a apporté beaucoup de choses à  la linguistique car, c’est  grâce à lui que la langue amazighe est bien prononcée. Tajmaât, dans un village,  est une place où se réunissent les habitants du village, tandis que les femmes,  leur Tajmaât,  c’est à Tala (la fontaine), c’est là où on apprend le principe d’où vient Tavratt Iwezwaw (la lettre à Mohand Azwaw) à propos de la connaissance, écrite en 1973», a souligné le Dr Hacène Halouane, maître de conférences au département de français de l’UMMTO et animateur  à Radio Tizi Ouzou.

Mammeri disait, dans Tavratt Mohand Azwaw : «Le destin d’un arbre sans racine est la destruction.» Evoquant le rôle primordial de l’organisation sociale du village dans le développement, le Dr Mohammed Achir, enseignant-chercheur à la faculté d’économie de Tizi Ouzou, a précisé que  Tajmaaât  est une institution de légitimation, de délibération.

Chaque village a ses lois qui  sont discutées et  délibérées. Chacun donne son avis pour l’intérêt et le bien du village. C’est dans l’organisation sociale villageoise  où il y a l’implication, l’engagement et le sens de réciprocité. «Tahmaât est un modèle social de gestion locale qui a prouvé son efficacité à travers le temps.

Il s’agit d’une assemblée au sein de laquelle les décisions sont adoptées», a-t-il estimé, tout en mettant en exergue les actions de solidarité menées par la population, ces dernières années. «Il y a une capacité d’adaptation des notions de Tajmaât pour gérer les événements d’urgence comme le cas de la Covid-19», a-t-il expliqué.

Le même chercheur a également parlé du concours Rabah Aissat du village le propre qu’organise l’APW de Tizi Ouzou. Ce concours a, dit-il, «réactivité» les pratiques sociales d’antan.

De son côté, le professeur Dahmani, auteur de plusieurs livres sur le patrimoine, souligné que Tajmaat a trois caractères : caractère politique, l’organisation politique et sociale des kabyles, un caractère religieux et un caractère spirituel.  Il a également rappelé le rôle de  Tajmaat  dans  la résistance populaire contre le colonisateur français, dont l’insurrection de Cheikh El Mokrani en 1871. Djamila Ghezli

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