JO-2024 : La consternation des bouquinistes de Paris

19/11/2023 mis à jour: 00:51
AFP
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Suspendue à trois mètres du sol, l’antique boîte à livres d’un bouquiniste parisien oscille doucement, arrachée du parapet du quai de Seine par un gros camion grue. Vendredi soir, la mairie de Paris a déployé les grands moyens pour démonter quatre de ces boîtes emblématiques utilisées par des libraires de livres anciens et d’occasion, un test de faisabilité avant les Jeux olympiques dans la capitale française. 

Pour des raisons de sécurité, la préfecture de police de Paris réclame en effet le démontage de près de 600 des 900 boîtes couleur vert wagon avant la cérémonie d’ouverture du 26 juillet 2024, qui se déroulera sur le fleuve. Devant un petit groupe de bouquinistes consternés, une vingtaine d’agents de la ville, aidés d’une entreprise de déménagement, ont passé plusieurs heures à procéder à cet enlèvement, après avoir soigneusement vidé les centaines de livres qui y étaient entassés. Une grue a ensuite soulevé un par un ces gros rectangles de bois, souvent fragilisés par les ans et les intempéries. Les boîtes qui ont été enlevées étaient fixées au quai depuis cinquante ans, mais les plus vieilles ont 150 ans. 

«C’est comme un arrachage de dent ! Tout ça pour quatre heures de cérémonie ! Ce que les guerres n’ont pas réussi à faire, les JO vont y parvenir : nous faire disparaître», se désole auprès de l’AFP Michel Bouetard, secrétaire général de l’Association des bouquinistes. «Tout cela est démesuré. Si on les retire, on ne sait jamais quand elles reviendront», avertit Jérôme Callais, président de l’association. «Mais s’ils persistent à vouloir les enlever, on ira au contentieux.» Beaucoup de bouquinistes – ils sont environ 230 – n’ont aucun autre revenu. «Que vont-ils faire en cas de plusieurs semaines d’inactivité ?» s’inquiète-t-il. Quelques élus parisiens étaient venus les soutenir. «Nous sommes contre, tout cela est décidé pour pouvoir faire de la publicité sur les quais», s’énerve Corine Faugeron, présidente du groupe Les Ecologistes au Conseil de Paris, l’assemblée délibérante de la ville. D’autres en appellent au président français Emmanuel Macron. Francis Robert, bouquiniste depuis 43 ans, assure l’avoir rencontré lors d’un passage du chef de l’Etat sur les quais en octobre dernier. 

«Il nous a dit ‘‘Je suis au courant, je vous défends, vous faites partie de Paris’’. Mais il est supérieur au préfet, il peut lui dire de nous faire rester», s’écrie-t-il. «Pourquoi les enlever, puisque des barrières de sécurité seront posées à 1,50 mètre du quai ?» renchérit une de ses collègues.

 Pendant ce temps, les agents de la mairie ont réussi à hisser les boîtes dans le camion, sans dégât apparent. «C’est un moment historique», balbutie une bouquiniste les larmes aux yeux. Un autre reste silencieux, le regard dur, rivé sur le parapet dénudé. Vers minuit et demi, les boîtes étaient remises sur le parapet et les livres replacés à l’intérieur, comme le prévoyait l’opération.

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