Jérusalem-Est occupée : Israël prépare un tour de vis répressif à l’approche du Ramadhan

27/02/2025 mis à jour: 19:55
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Photo : D. R.

Les forces d’occupation  israéliennes renforceront leur présence avec le déploiement quotidien de 3000 agents armés autour de Jérusalem-Est.

Alors que le mois sacré du Ramadhan doit débuter bientôt, les autorités d’occupation israéliennes s’apprêteraient à mettre en place des mesures de répression d’une ampleur inédite, visant à accentuer l’isolement de Jérusalem-Est occupée et de ses environs palestiniens.

C’est en tout cas ce qu’affirme le gouvernorat de Jérusalem, qui dénonce un «ensemble de politiques racistes et provocatrices». L’une des mesures les plus contestées concerne l’accès à l’esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l’islam. Seuls les hommes de plus de 55 ans et les femmes de plus de 50 ans en provenance de Cisjordanie occupée seront autorisés à y entrer. Les ex-prisonniers palestiniens fraîchement libérés se verront, eux, interdits l’accès au site.

Par ailleurs, les forces d’occupation  israéliennes renforceront leur présence avec le déploiement quotidien de 3000 agents armés autour de Jérusalem-Est, et un contrôle accru des 82 checkpoints militaires de la zone, impliquant barrages de terre, portiques de sécurité, fouilles et caméras de surveillance. «Nous appelons les nations arabes et musulmanes ainsi que la communauté internationale à agir d’urgence pour mettre fin à ces violations», exhorte le gouvernorat de Jérusalem.

L’ampleur du dispositif sécuritaire dépendrait en grande partie de l’évolution de la situation à Ghaza, où la trêve actuelle reste fragile en raison du refus d’Israël de libérer plus de 600 prisonniers en échange des otages rendus samedi dernier. Un responsable cité par le Jerusalem Post souligne: «Si un cessez-le-feu est en place, la situation devrait rester calme. Dans le cas contraire, les forces de sécurité seront déployées en nombre bien plus important, par crainte d’une escalade.» D’autres restrictions sont également à l’étude.

La chaîne israélienne n°12 a rapporté que l’accès à l’esplanade pour les prières du vendredi pourrait être limité à 10 000 fidèles, sous réserve d’une autorisation préalable. Cette mesure réduirait drastiquement le nombre de fidèles pouvant se rendre à la mosquée El Aqsa durant le mois de Ramadhan.

Blocage israélien persistant

En 2024, environ 120 000 Palestiniens avaient prié sur l’esplanade lors du deuxième vendredi de Ramadan, un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes, où jusqu’à 250 000 fidèles étaient présents. L’an dernier, en pleine guerre à Ghaza, les autorités d’occupation israéliennes avaient restreint l’accès aux hommes de plus de 60 ans et aux femmes de plus de 55 ans, tout en exigeant des permis spéciaux pour assister aux prières du vendredi. Si le précédent Ramadhan s’était déroulé dans un calme relatif malgré le conflit à Ghaza, une reprise des hostilités durant ce mois pourrait engendrer de nouvelles tensions.

Israël envisagerait une prolongation de la première phase du cessez-le-feu de 42 jours, afin de négocier la libération des 63 otages encore détenus par le Hamas. Cette stratégie permettrait de repousser une éventuelle seconde phase après le Ramadhan. Toutefois, selon des responsables impliqués dans les négociations et cités par l’agence Reuters, aucune avancée concrète n’a encore été enregistrée concernant la phase 2 de l’accord, qui prévoit l’arrêt définitif des combats.

Dans une volonté de relancer le processus, le Hamas affirme avoir conclu un accord avec les médiateurs égyptiens afin de débloquer la libération d’une septième vague de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Selon Hazem Qassem, porte-parole du mouvement palestinien, le groupe remettra quatre corps de captifs israéliens en échange de la libération des prisonniers prévus, ainsi que d’un nombre équivalent de femmes et d’enfants arrêtés à Ghaza après le 7 octobre. Du côté israélien, la partie du contrat n’est pas totalement tenue. Dans la bande de Ghaza, les efforts diplomatiques pour permettre l’acheminement d’abris mobiles se heurtent à un blocage israélien persistant.

Or, ces logements préfabriqués constituent un élément central de l’accord de cessez-le-feu, qui prévoit leur livraison aux familles ayant perdu leur maison sous les bombardements israéliens. Les négociations menées par les médiateurs régionaux peinent à débloquer la situation, tandis que les Ghazaouis continuent de survivre sous des abris de fortune, à même les ruines de leurs anciennes habitations.

Dans le même temps, les forces d’occupation israéliennes poursuivent leurs opérations en Cisjordanie occupée. Au moins 50 Palestiniens, parmi lesquels des enfants et d’anciens détenus, ont été arrêtés au cours des dernières 24 heures, selon un communiqué conjoint de la Commission des détenus et ex-détenus et de la Société des prisonniers palestiniens.

Ces arrestations s’inscrivent dans une vague de raids menés à Jénine, Tulkarem, Naplouse et d’autres villes de Cisjordanie. Des témoins rapportent des perquisitions brutales, des dégradations d’infrastructures et des transformations de domiciles en postes militaires de fortune. Sur la scène internationale, la Russie a pris position contre toute réinstallation forcée des Palestiniens dans d’autres pays de la région, une idée avancée par Donald Trump.

A Doha, après une rencontre avec l’émir du Qatar, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a mis en garde contre ce qu’il considère comme «une bombe à retardement». Pour lui, contourner la solution à deux Etats en déplaçant les populations «conduirait à des conséquences tragiques». Moscou s’inquiète également des actions israéliennes, qu’elle juge contraires à la recherche d’un règlement pacifique dans la région.

Stéphane Dujarric, porte-parole du SG de l’ONU : «L’acheminement de l’aide humanitaire confronté à de nombreuses difficultés»

Les Nations unies ont souligné mardi qu’il existait «de nombreuses difficultés» pour acheminer l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza. «D’après ce que mes collègues humanitaires m’ont dit, il y a eu beaucoup de difficultés pour faire entrer des tentes, des caravanes et des bâches. Nous continuons à faire pression.

Certaines (aides) arrivent, mais il en faut davantage», a indiqué Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, lors d’un point de presse quotidien. Stéphane Dujarric répondait à une question au sujet de la mort par hypothermie de plusieurs nourrissons palestiniens en raison de l’absence de fournitures nécessaires due aux restrictions imposées par l’entité sioniste sur l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Ghaza.

«Le chef du ministère de la Santé de Ghaza a déclaré aujourd’hui (mardi, ndlr) que six enfants de la bande de Ghaza sont morts ces derniers jours en raison de la forte vague de froid qui a récemment frappé l’enclave palestinienne, portant à 15 le nombre total d’enfants décédés» à cause de ces conditions climatiques, a-t-il souligné.

Citant des informations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), Stéphane Dujarric a également mis en garde contre la situation en Cisjordanie où les forces d’occupation sionistes continuent de mener plusieurs assauts dans le Nord.

«L’OCHA rapporte que la situation sécuritaire reste alarmante, les opérations (sionistes) en cours dans le Nord provoquant de nouvelles victimes, des déplacements massifs et générant des besoins humanitaires supplémentaires», a-t-il indiqué. L’agression sioniste «a été lancée avec des bulldozers» et provoqué «des destructions importantes d’infrastructures, notamment des lignes électriques, des conduites d’eau ainsi que la fermeture d’écoles», a-t-il ajouté.

Cisjordanie occupée : Oxfam met en grade contre les actions sionistes

L’organisation Oxfam a mis en garde hier contre les actions sionistes en Cisjordanie occupée, où quelque 40 000 personnes ont été déplacées depuis le 19 janvier, jour de l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu à Ghaza.

L’ONG a déclaré qu’«au moins 800» points de contrôle, barrières et portes militaires avaient été imposés en cinq semaines, ce qui aurait «entraîné des restrictions de mouvement sans précédent, des trajets de deux heures prenant désormais douze heures».

Mustafa Tamaizeh, responsable du développement de la justice économique et responsable de la réponse en Cisjordanie pour Oxfam, a déclaré : «Le gouvernement (de l’entité sioniste) poursuit cette destruction en toute impunité tout en aidant et en encourageant les colons illégaux à attaquer les communautés palestiniennes.»

Il s’agit, selon lui, «de politiques et mesures d’annexion accélérées qui rendent de plus en plus difficile et dangereuse pour Oxfam et d’autres organisations d’atteindre les communautés et de leur fournir l’aide humanitaire dont elles ont désespérément besoin. Les besoins aigus sont encore aggravés par le déplacement forcé massif de tant de personnes».

Le personnel d’Oxfam et ses partenaires signalent que «l’accès à l’aide humanitaire leur est refusé ou menacé aux points de contrôle militaires, et que les livraisons d’aide humanitaire sont bloquées. Ces restrictions ralentissent les efforts d’aide humanitaire et augmentent les coûts opérationnels». De son côté, Suhair Farraj, directrice de Women Media and Development, partenaire d’Oxfam, a affirmé que la situation «n’a jamais été aussi mauvaise qu’aujourd’hui. Il y avait autrefois des raids de l’armée (sioniste), mais rien de comparable».  

 

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